Le vote du plan santé d’Obama a réveillé l’extrême droite

Tyrannie ! » « Communisme ! » Sous la coupole du capitole américain, les débats ne sont pas tous policés. En témoigne la violence verbale qu’a suscitée l’adoption, dimanche par la Chambre des représentants, de la loi sur l’assurance maladie

A lire le Washington Post, le représentant républicain du Michigan Mike Rogers a dénoncé la succession de « magouilles » (« dirty deals ») pour arriver au texte final. Devin Nunes, de Californie, a comparé les démocrates aux Soviets : « Dites non au totalitarisme ! »

Lorsque le démocrate Bart Stupak, pourtant anti-avortement, a pris la parole, une voix a été entendue dans les rangs républicains : « Tueur de bébés ! »

John Boehner : « Honte à nous, honte à cette institution »

Le leader de la minorité républicaine à la Chambre, John Boehner, s’est mis à crier dimanche, à 10 heures du soir, juste avant le vote, considérant que le peuple avait été trahi par la façon dont avait été discuté cette loi :

« Regardez comment a été rédigée cette loi ? Pouvez-vous dire que cela s’est fait ouvertement, dans la transparence ? »

Il crie la réponse : « Bon Dieu, non, vous ne pouvez pas ! Avez-vous lu le projet ? Bon Dieu non, vous ne l’avez pas lu ! » Et il poursuit :

« Honte à nous, honte à cette institution, honte à chacun d’entre vous, qui avez substitué votre volonté à celle du peuple. »

Ces élus sont sous la pression de militants de droite qui organisent des meetings vociférants (les »tea parties », en référence à la fondatrice Boston Tea Party) à travers le pays. Initialement sonnée par la victoire de Barack Obama, cette droite dure reprend du poil de la bête depuis la chute de popularité du Président.

Ces militants manifestaient ces jours derniers autour du Capitole, criant des invectives aux élus démocrates qui passaient : « Escrocs ! », « Menteurs ! »

L’un d’entre eux, Barney Frank, député homosexuel et fier de l’être, s’est même fait traiter de « pédé » (« faggot ») parmi les rires de l’assistance. Frank a dû appeler la police du Capitole pour pouvoir se frayer un chemin vers l’extérieur.

Insultes et crachat quand les élus noirs arrivent

Certains manifestants ont également insulté samedi des élus démocrates noirs, les traitant de nègres -un mot tellement haineux que la presse américaine l’écrit « n***er ». L’émotion a été d’autant plus grande que l’un de ces élus, John Lewis, est une icône : il avait été battu et laissé pour mort lors de la marche des Noirs en Alabama, dans les années 60. Un autre élu, Emanuel Cleaver, aurait reçu un crachat.

En septembre, l’ancien Président Jimmy Carter a jugé que le racisme expliquait la violence exprimée contre les propositions
d’Obama.

« Une période les plus affreuses du Congrès »

« Ce fut l’une des périodes les plus affreuses et les plus étranges jamais traversées par le Congrès » estime le chroniqueur du Washington Post, Dana Milbank, qui s’inquiète de la porosité entre les manifestations nauséabondes (à l’extérieur du Capitole) et les arguments républicains (à l’intérieur).

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