Le suspense règne sur le premier tour de la primaire de la droite française

A cinq mois de la présidentielle, la droite française tient dimanche le premier tour de sa primaire avec trois favoris au coude à coude: l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui se pose en candidat du peuple, et deux anciens Premiers ministres: le modéré Alain Juppé et le libéral François Fillon.

L’enjeu du scrutin est déterminant: face à une gauche en miettes, le vainqueur de cette primaire a de bonnes chances d’accéder à l’Elysée en 2017 à l’issue d’un second tour contre l’extrême droite, selon presque toutes les enquêtes d’opinion.

Les sondeurs sont en revanche beaucoup plus prudents sur le scénario de cette première primaire de l’histoire de la droite française, qui devrait se jouer dans un mouchoir de poche.

Pendant des mois, le maire de Bordeaux (sud-ouest), Alain Juppé, 71 ans, a fait la course en tête, surfant sur le rejet du président socialiste François Hollande mais aussi de son prédécesseur de droite Nicolas Sarkozy. Soignant son image de rassembleur, il a mené bataille sur une ligne pondérée, refusant de "céder à la peur" ou de "dresser les élites contre le peuple", à l’heure où la crise migratoire et les attentats jihadistes nourrissent les discours populistes.

Nicolas Sarkozy, qui espérait créer un effet de souffle ("blast") avec sa candidature, a remobilisé ses "fans" en se posant comme le "défenseur de la majorité silencieuse" et avec un discours à droite toute sur l’autorité, l’immigration ou l’identité nationale. Mais ses sorties sur les "ancêtres gaulois" des Français ou "la tyrannie des minorités" ont détourné les sympathisants de droite plus modérés et l’ont empêché d’élargir son socle électoral.

Les trois débats télévisés organisés en novembre entre les sept candidats, six hommes et une femme, ont permis à un troisième homme, François Fillon, qui fut le discret Premier ministre de Nicolas Sarkozy, de s’immiscer dans ce duel annoncé.

Ce féru de Formule 1, qui porte un projet très libéral sur le plan économique et conservateur sur les questions de société, a effectué une remontée fulgurante dans les sondages ces derniers jours.

La dernière enquête d’opinion, publiée vendredi soir à la clôture de la campagne, le donne même en tête du premier tour de la primaire avec 30% des intentions de vote, contre 29% à ses deux principaux rivaux.

En fait, selon tous les commentateurs, tout dépendra du niveau de participation au scrutin, estimé dans une fourchette large de deux à quatre millions de personnes.

Si les militants des Républicains sont les seuls à se déplacer dans les quelque 10.000 bureaux de vote ouverts sur tous le territoire, l’avantage ira à Nicolas Sarkozy qui reste le préféré dans le parti.

Si les simples sympathisants, plus proches de la droite modérée ou du centre, viennent en grand nombre, c’est Alain Juppé qui prendra l’avantage. Il pourrait même compter sur les voix d’électeurs socialistes déterminés à faire barrage à Nicolas Sarkozy, dont le discours très marqué à droite et le style jugé "bling bling" suscitent un rejet massif à gauche.

"Plus il y aura de votants et plus j’ai de chances de gagner", a reconnu lundi Alain Juppé en appelant ses supporteurs à convaincre leurs proches de se déplacer.

Pour participer à cette primaire, il faudra verser deux euros au parti et signer une charte engageant à "partager les valeurs républicaines de la droite et du centre".

Alors que la France est en état d’urgence depuis les attentats du 13 novembre 2015, qui avaient fait 130 morts à Paris et dans sa banlieue, le gouvernement a prévu "toutes les mesures nécessaires au bon déroulement" du scrutin, à commencer par des patrouilles près des bureaux de vote.

A l’intérieur, près de 80.000 bénévoles seront vigilants à empêcher toute tricherie. Après la défaite de 2012, le parti de droite s’était déchiré sur des soupçons de fraude lors de l’élection de son chef.

Les bureaux seront ouverts de 08h00 à 19h00 (07h00 à 18h00 GMT) en France métropolitaine – l’outre-mer a commencé à voter samedi – et les premiers résultats significatifs sont attendus vers 22h30 (21h30 GMT).

En Nouvelle-Calédonie, archipel français d’Océanie, dans l’océan Pacifique, 48 bureaux étaient ouverts.

"Ce n’est pas trop dans nos habitudes, ce genre de scrutin, mais c’est bien, comme ça les gens ne pourront pas dire après qu’on ne leur a pas demandé leur avis", a déclaré Karl Viannenc, secrétaire local des Républicains.

"La présidentielle de 2017 sera l’élection de tous les dangers, alors il faut se bouger", a estimé une électrice, Nadège, qui a "mobilisé son entourage".

Une fois les deux finalistes connus, s’engagera le processus de ralliement, tous les candidats ayant promis de faire connaître leur favori pour le second tour, prévu le dimanche suivant.

Agence France-Presse

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