Le sommet franco-italien s’annonce difficile sur la question migratoire

Le sommet franco-italien, prévu ce mardi à Rome, s’annonce difficile alors que les divergences entre les deux pays sur la question migratoire se sont exacerbées ces dernières semaines à tel point que Paris a évoqué une possible suspension provisoire des accords de Schengen, rapporte lundi la presse française.

Après les tensions suscitées la semaine dernière par la décision des autorités françaises de bloquer le trafic ferroviaire entre la ville italienne de Ventimille et la Côte d’Azur, pour empêcher l’arrivée en France d’un train transportant des migrants tunisiens, "la France réclame désormais à Bruxelles la possibilité de suspendre provisoirement les accords de Schengen, qui organisent depuis 1995 la libre circulation des personnes au sein de l’Union européenne", écrit +France Soir+.

Pour le quotidien, cette mesure, évoquée dès vendredi soir par l’Elysée, vise à rétablir les contrôles à ses frontières en cas d’afflux massifs de migrants.

Cette annonce a donné lieu à des critiques non seulement en Italie, qui dénonce le manque de solidarité de ses partenaires européens face à l’arrivée soudaine d’immigrés sur ses côtes depuis la révolution tunisienne, mais aussi en France.

En France, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, fondateur du mouvement politique République Solidaire, a ainsi critiqué dimanche une "fuite en avant", qui ne fait que "reporter le problème".

Le Parti socialiste y voit, de son côté, une réaction "disproportionnée" de la France qui reproche à l’Italie de se débarrasser des immigrés tunisiens en leur octroyant des permis de séjour de six mois, voire des billets gratuits jusqu’à Vintimille, dernière ville italienne avant la frontière française.

Actuellement, Schengen permet le rétablissement temporaire des contrôles aux frontières entre deux Etats de la zone, mais seulement en cas de "menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure".

Cette disposition a été jusqu’ici utilisée pour empêcher des mouvements de hooligans lors de matches de football, ou de manifestants violents avant certains grands sommets internationaux, mais le président français, "veut pousser ses partenaires à aller plus loin", souligne le quotidien.

+Libération+ estime que cette initiative est destinée également à désamorcer les attaques du parti d’extrême droite français "Front national" (FN), pour qui "la seule position raisonnable est de négocier la sortie de l’espace Schengen au plus vite".

Le FN voit dans cette opération "une supercherie et un enfumage médiatique".

Pour "calmer le jeu", souligne le journal, Henri Guaino, conseiller spécial du président français, a souligné que "la France ne voulait pas suspendre Schengen", mais "revoir les clauses de sauvegarde dans des situations particulières", notant toutefois que cette solution nécessite "un accord européen".

M. Guaino a reconnu, par ailleurs, qu’il y avait eu vendredi de la part de l’Elysée "une expression un peu rapide" qui avait été ensuite "sur-interprétée".

De son côté, le ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, a expliqué, dans un entretien au Journal du dimanche, qu’il ne s’agit pas "de se retirer de Schengen, cela n’aurait pas de sens". "La France veut étudier la possibilité de pouvoir rétablir les contrô les aux frontières en cas d’afflux majeur aux portes de l’Union", a-t-il précisé.

Selon Le Figaro, le président français Nicolas Sarkozy et le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, devront lancer mardi à l’occasion du sommet franco-italien un appel pour "un réexamen de l’accord de libre circulation en Europe en raison de l’afflux de clandestins en provenance du Maghreb".

D’après le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, les deux pays sont favorables à une sorte de "contrôle technique" pour déterminer à quel point Schengen est adapté aux réalités actuelles.

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