Le poids des pays riches dans l’économie mondiale se réduit (Les Echos)

Selon Euler Hermes, les pays émergents sont les grands gagnants de la reprise de l’économie mondiale, où le poids industriel des pays développés, en nette réduction, leur est désormais inférieur.

Les pays émergents sont-ils en passe d’assurer à eux seuls la reprise de l’économie mondiale ? A la lecture des perspectives économiques d’Euler Hermes, spécialiste de l’assurance-crédit et du recouvrement de créances commerciales, publiées hier à Paris, « les pays émergents d’Asie s’imposent comme les leaders de la reprise mondiale, sous l’impulsion de l’Inde et surtout de la Chine ».

Et l’annonce, hier, d’une hausse de près de 12 % du PIB chinois au premier trimestre 2010 confirme cette tendance. Euler Hermes s’accorde avec les hypothèses de l’OCDE ou du FMI sur le fait que l’économie mondiale enregistre un rebond manifeste, avec un taux de croissance attendu à 2,9 % cette année et l’an prochain. Mais cette reprise reste très hétérogène. Parmi les pays développés, si les Etats-Unis devraient confirmer leur rebond, l’Union européenne est appelée à rester à la traîne avec moins de 2 % de croissance. « L’année 2010 s’annonce comme un moment de vérité pour l’économie mondiale, et tout particulièrement sur le continent européen », a indiqué Wilfried Verstraete, président du directoire d’Euler Hermes.

Retour en arrière

Ce qui ressort de l’étude, c’est bien un amoindrissement du rôle des pays membres de l’OCDE dans l’économie mondiale. La crise a sévèrement amputé leurs capacités productives et commerciales. Tant et si bien qu’aujourd’hui, les pays émergents représentent 52 % de la production industrielle mondiale, contre 48 % pour les pays avancés. « Leur part de marché a reculé de 2 points dans le volume du commerce mondial et de 4,6 points dans la production industrielle mondiale. Conséquence directe de cette évolution, la contraction de l’emploi a été massive dans les pays développés, qui ont perdu plus de 10 millions d’emplois en 2009. L’Europe de l’Ouest seule en a détruit 3,4 millions », souligne Euler Hermes. Les pays développés « débutent l’année sur des niveaux d’activité très inférieurs à ceux d’avant-crise, qui les ramènent plusieurs années en arrière, à l’image de la production industrielle de la zone euro, revenue à son niveau de 1999 », ajoute Karine Berger, chef économiste d’Euler Hermes.

La crise est déjà effacée dans les pays émergents. Pas dans les pays développés, et surtout en Europe. Les augures restent défavorables. Car les deux principaux soutiens à la reprise – restockage des entreprises et plan de relance gouvernementaux -vont progressivement s’étioler au fil des prochains mois. Le tout dans un contexte d’endettement public problématique. La crise, en effet, a provoqué un gonflement de quelque 1.150 milliards d’euros des déficits publics, soit une augmentation moyenne de 5 points de PIB. En cas de nouveau coup dur, les marges de manoeuvre sont des plus réduites. Ce qui s’avère inquiétant alors que la reprise reste très vulnérable : retour des tensions sur le prix des matières premières, fragilité du système financier et doutes sur l’évolution des finances publiques constituent autant de menaces pour l’économie mondiale… La crise est loin d’être un mauvais souvenir.

RICHARD HIAULT, Les Echos

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