Le patronat algérien propose un pacte de croissance

Une importante organisation patronale algérienne propose au gouvernement un pacte de croissance en 50 mesures pour sortir l’Algérie de la dépendance aux hydrocarbures en mettant l’entreprise privée au centre du moteur économique.

"Quand on voit la croissance, la création d’emploi, l’emprise du secteur pétrolier, la faiblesse des exportations il n’y a pas lieu de se réjouir. Pour autant, il ne faut pas baisser les bras, il faut réorienter l’économie pour qu’elle dépende moins des hydrocarbures", a déclaré le président du Forum des chefs d’Entreprises (FCE, privé), Réda Hamiani à l’AFP lors d’un colloque organisé par son organisation à Alger en présence de quelque 800 participants.

Pour le FCE, l’Algérie n’a pas encore réussi, en 50 ans d’indépendance, à s’affranchir de la priorité accordée aux hydrocarbures.

Lors de ce colloque tenu en fin de semaine et intitulé "De l’urgence d’une nouvelle économie moins dépendante des hydrocarbures", le patronat a présenté quatre groupes de mesures: la relance et le soutien de l’investissement, la réduction du champ informel qui mine la bonne marche de l’économie, la simplification de l’environnement de l’entreprise et l’amélioration du climat des affaires et enfin la révision de l’organisation institutionnelle économique.

Mais il veut aussi davantage d’initiatives privées pour avancer rapidement.

"Notre économie est trop axée sur l’investissement public, sur la dépense publique. Nous voudrions plus de micro-économie, plus d’environnement incitatif, attractif pour l’entreprise privée", a avancé M. Hamiani.

L’économiste Abderrahmane Mebtoul a indiqué à l’AFP que "la part du privé dans le PIB, en excluant les hydrocarbures et ses effets directs, représentent à peine 20% ".

En 2011, les exportations d’hydrocarbures ont atteint 71,44 milliards soit plus de 39% du PIB, évalué par le FMI à 183,4 milliards de dollars. La part de l’industrie représente seulement 5% en 2011 contre plus de 20% à la fin des années 1970 et début 1980. Les importations ont par contre explosé.

"Donner du travail aux jeunes"
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Il y a également un problème de régionalisme. "Si les décideurs (du pays) n’investissent pas, on ne veut pas que d’autres investissent", s’est plaint au symposium le PDG du groupe agro-alimentaire et technologique Cevital, Issad Rebrab.

Parmi les mesures qu’il présente, le FCE propose de "rétablir la liberté totale de l’acte d’investir" afin que l’investissement ne soit "soumis à aucune autorisation ou agrément".

Autre mesure, "une politique de champions". "Les secteurs où nous avons un avantage, c’est le secteur agroalimentaire et les secteurs où l’énergie constitue un facteur décisif en matière de coûts", a indiqué M. Hamiani.

Pour garantir la sécurité alimentaire nationale, le FCE propose "un programme s’étalant sur sept ans et visant l’autosuffisance complète ou partielle (70 %) pour les céréales, légumes secs, lait et huiles".

La tâche s’annonce d’autant plus rude qu’Abdelmadjid Bouzidi, professeur en économie, a affirmé que l’Algérie ne sera jamais un pays agricole. "Il n’y a pas beaucoup de terres arables. La superficie agricole utile représente moins de 7% de la superficie du territoire".

"En plus on perd chaque année un peu de cette superficie. Nous sommes un pays à stress hydrique, a-t-il déclaré à l’AFP. Vous ne pouvez pas fonder le développement d’un pays comme l’Algérie sur l’agriculture", a-t-il ajouté.

"L’urgence absolue, a martelé M. Hamiani, est que l’économie puisse donner du travail aux jeunes, sinon ce sera l’explosion sociale", craint-il.

Plus des deux-tiers des Algériens ont moins de 35 ans. 21% de ces jeunes sont au chô mage pour un taux global estimé par le FMI à 10% de la population active.

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