Le parlement autrichien adopte une nouvelle loi sur l’Islam

Le parlement autrichien a adopté mercredi soir la nouvelle loi régissant la pratique de l’Islam en Autriche, après un débat houleux provoqué par le parti représentant l’extrême droite.

Une loi qui intervient en amendement dans une Europe de plus en plus méfiante vis-à-vis de la communauté musulmane en raison de la menace intégriste.

En effet, les musulmans en Autriche étaient traités sur un pied d’égalité comme toutes les autres communautés religieuses Chrétienne, Juive et même Bouddhiste, et ce, à la faveur d’une loi qui remonte à plus de 100 ans, faisant de la république alpine le premier pays européen à reconnaître officiellement la communauté musulmane, plus de 500.000 personnes, soit 6 pc de la population autrichienne en grande majorité catholique.

Ainsi, les élèves de confession musulmane ont droit à des cours d’éducation islamique dispensés par des professeurs rémunérés par l’Etat, les filles peuvent porter le voile en classe et même, tolérance rarissime, les femmes peuvent sortir en public avec un voile intégral. A cela, il convient d’ajouter la simplification des procédures pour l’édification des cimetières musulmans, la reconnaissance officielle des jours fériés dans le calendrier musulman ou encore l’accompagnement religieux des musulmans en service militaire, dans les hôpitaux et dans les prisons.

Mais face à la menace intégriste et le nombre croissant des résidents autrichiens partis faire le "Jihad" en Syrie et en Irak, une centaine de personnes dont la plupart sont des mineurs, le gouvernement autrichien s’est vu dans l’obligation de renforcer ses outils contre la propagande islamique radicale, donnant lieu ses derniers mois à des opérations en série de démantèlement des réseaux de recrutement de djihadistes et à la mise en place d’un service "Hotline" destiné à identifier les personnes exposées à des risques de radicalisation dans leur voisinage.

Autres mesures: Interdiction des symboles des groupes terroristes, perte de la citoyenneté autrichienne des intégristes ayant une double nationalité ou encore des restrictions de quitter le territoire de l’Union Européenne pour les mineurs.

A toutes ces mesures sécuritaires, le gouvernement autrichien, issu le 15 décembre 2013 d’une grande coalition entre sociaux-démocrates et conservateurs, a présenté en octobre 2014 un projet de loi visant à introduire des amendements à la loi de 1912. Une loi jugée par les représentants de la communauté musulmane comme étant "liberticide" et "discriminatoire" par rapport aux autres textes régissant les autres cultes.

Et pour cause, ce texte controversé prévoit l’interdiction de toute forme de financement étranger des associations et des lieux de culte musulmans, excluant par la même toute rémunération des imams par un pays tiers. De plus, la loi amendée interdit aux imams venant de l’étranger le droit d’exercer la fonction en Autriche. Car, dorénavant, les imams seront formés dans les universités autrichiennes.

Une interdiction qui aura pour conséquence la fermeture de nombreuses mosquées et le chômage forcé de certains prédicateurs en Autriche, qui compte environ 300 imams, dont 65 en provenance de Turquie, comme le craint Tarafa Baghajati, président de l’Initiative des musulmans autrichiens et responsable pédagogique au sein de la communauté des musulmans d’Autriche (IGGIO).

Pour ce responsable religieux d’origine syrienne qui réside en Autriche depuis 1986, "Il est, en effet, injuste d’appliquer un traitement deux poids, deux mesures au détriment de la communauté musulmane, car si on devait contrôler les sources de financement, cela doit concerner toutes les communautés religieuses et non pas seulement les musulmans".

Tout en concédant, dans une déclaration à l’agence marocaine MAP, qu’il est légitime que l’Etat autrichien révise sa législation concernant l’encadrement de l’Islam en considération de la nouvelle donne, il estime cependant que la loi doit s’appliquer à toutes les communautés religieuses reconnues sans distinction.

Outre le volet financement, la loi prévoit également la réalisation d’une version standardisée et uniformisée du coran pour éviter "les mauvaises interprétations, notamment celles susceptibles de favoriser les extrémismes" comme l’a souligné le ministre fédéral de l’Intégration et des Affaires européennes et internationales, Sebastian Kurz, en présentant le 2 octobre dernier ce projet de loi.

"Le message doit être clair qu’on peut être à la fois un musulman pratiquant et un fier autrichien", a martelé le plus jeune chef de la diplomatie en Europe à l’âge de 28 ans, avant de faire remarquer qu’"en l’absence d’une réglementation, il y a toujours un risque favorisant la montée des extrémismes".

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