Le pape fixe les lignes rouges à l’ouverture du synode sur la famille

Le pape François a réaffirmé dimanche avec force le dogme catholique sur le caractère indissoluble du mariage, nécessairement célébré entre un homme et une femme, à l’ouverture d’un synode très attendu sur la famille.

Jorge Bergoglio, particulièrement grave et préoccupé, a clairement fixé les lignes rouges que ce deuxième synode en deux ans sur la famille ne devra pas dépasser, dans une basilique Saint-Pierre pleine à craquer.

Ce que Dieu a uni, l’homme ne peut le défaire, a-t-il rappelé,citant l’évangile. En clair, "Dieu unit les coeurs de deux personnes qui s’aiment (…) dans l’unité et l’indissolubilité", a ainsi réaffirmé le pape, dans un discours très ferme, qui devrait rassurer les plus conservateurs au sein de l’Eglise.

Et ce couple ne peut être que celui formé par un homme et d’une femme. "Voilà le rêve de Dieu pour sa créature bien-aimée: la voir se réaliser dans l’union d’amour entre l’homme et la femme", a encore affirmé Jorge Bergoglio.

La réaffirmation de cette "vérité" de l’Eglise intervient poins de 24 heures après le coming out d’un haut dignitaire du Vatican samedi, qui a révélé son homosexualité et dénoncé "l’homophobie institutionnalisée" de l’Eglise catholique.

Le Vatican a immédiatement condamné le geste de ce prêtre polonais, Mgr Krysztof Olaf Charamsa, le qualifiant de "très grave et irresponsable" et le révoquant de ses fonctions auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi, chargée de veiller au bon respect du dogme catholique, dont il était membre depuis 2003.

Pour le porte-parole du Vatican, le père Lombardi, cette déclaration n’avait pas d’autre but que de "soumettre l’assemblée synodale (des évêques) à une pression médiatique injustifiée".

Or, pour le théologien polonais, il est justement temps que "l’Eglise ouvre les yeux face aux gays croyants et comprenne que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine".

– Vivre dans la vérité –

Mais pour François, l’Eglise ne doit pas renoncer à elle-même, elle doit "vivre sa mission dans la vérité, qui ne change pas selon les modes passagères et les opinions dominantes". Et s’il n’est pas question de "pointer du doigt pour juger les autres", de rejeter ces "couples blessés", l’Eglise ne peut être qu’un "hôpital de campagne", les aidant à revenir dans le droit chemin.

François a rappelé de ce point de vue le devoir de la miséricorde, condamnant "une Église aux portes closes, qui, au lieu d’être un pont, devient une barrière".

Le pape a également fustigé la "solitude", citant "les personnes âgées, abandonnées même de leurs propres enfants; les veufs et les veuves; tant d’hommes et de femmes laissés par leur épouse ou par leur mari; tant de jeunes victimes de la culture de la consommation et du déchet".

"Il semblerait, a-t-il ajouté, que les sociétés les plus avancées soient justement celles qui ont le taux le plus bas de natalité et le taux le plus élevé d’avortements, de divorces, de suicides et de pollution environnementale et sociale".

Ce deuxième synode en deux ans sur la famille est très attendu par l’ensemble des catholiques.

Au-delà de la question de l’homosexualité, soulevée avec fracas samedi par le coming out de ce prêtre polonais, bien d’autres sujets divisent aussi l’Eglise, à commencer par la question cruciale des divorcés remariés. Peuvent-ils communier comme les autres fidèles, comme beaucoup le réclament, ou sont-ils condamnés à rester éternellement en dehors de ce sacrement, comme bien d’autres le soutiennent ?

– Doctrine rigoureuse, pratique changeante –

Car, même si plusieurs questionnaires envoyés dans les diocèses ont révélé le gouffre entre la doctrine rigoureuse du Vatican et la pratique – souple et changeante – de beaucoup de croyants, l’Eglise peine à trouver un juste équilibre.

François a nommé à la mi-septembre les 360 participants de ce deuxième round : un savant dosage entre "conservateurs" et "libéraux" qui n’a pas exclu les plus radicaux des deux camps.

Face à ces centaines d’évêques ayant personnellement renoncé il y a des décennies à fonder une famille, seuls 18 couples auront la charge de faire entendre la voix des femmes et des laïcs.

Pour le pape argentin, la famille traditionnelle subit une crise profonde et l’Eglise doit savoir répondre aux évolutions du temps sans pour autant s’y conformer. A la fin du synode, il reviendra à Jorge Bergoglio de décider seul, probablement au printemps, des inflexions à apporter ou non à la manière de vivre sa foi.

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