Le groupe pétrolier espagnol Repsol dénonce le projet de nationalisation de sa filiale YPF par l’Argentine

Le groupe pétrolier espagnol Repsol a fustigé mardi la décision de Buenos Aires de nationaliser sa filiale argentine YPF, une initiative également dénoncée par le gouvernement espagnol qui menace de prendre des mesures de rétorsion contre l’Argentine.

Le président de Repsol Antonio Brufau a déclaré devant la presse que sa compagnie avait l’intention de combattre le projet "illégal" de la présidente argentine Cristina Fernandez, qui a envoyé un texte de loi au Parlement argentin lundi visant à nationaliser YPF. Le texte prévoit que l’Etat argentin détiendrait 51% de l’entreprise, dont Repsol possède actuellement 57%.

La décision de l’Argentine "est seulement un moyen d’occulter la crise sociale et économique à laquelle l’Argentine est confrontée", a affirmé M. Brufau. Le titre Repsol accusait mardi en début d’après-midi une chute de 6,8%, à 16,29 euros, à la bourse de Madrid.

Les analystes s’inquiètent du fait que Buenos Aires n’ait pas proposé de compensation pour la nationalisation d’YPF, qui représente 42% des réserves mondiales de Repsol, estimées à 2,1 milliards de barils. M. Brufau estime que la part de Repsol dans sa filiale représente 10,5 milliards de dollars (8 milliards d’euros).

Le plan de nationalisation de Buenos Aires a été très mal accueilli par l’Espagne, premier investisseur étranger en Argentine. Le ministre espagnol de la Justice Alberto Ruiz Gallardon a dénoncé une "erreur politique extraordinaire sur le moyen et long terme". Le ministère espagnol des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur argentin à Madrid pour la deuxième fois en cinq jours afin de protester officiellement.

M. Gallardon et d’autres hauts responsables ont laissé entendre que l’Espagne pourrait prendre des mesures de rétorsion. Selon le ministre de l’Energie José Manuel Soria, ces représailles pourraient intervenir d’ici quelques jours et concerner les relations commerciales ou diplomatiques.

De son cô té, la Commission européenne a annoncé mardi avoir reporté sine die une réunion prévue jeudi et vendredi avec des responsables argentins dans le cadre d’un traité commercial et économique entre l’UE et l’Argentine. Auparavant, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso s’est dit "très déçu" par la décision de l’Argentine, qui "crée une incertitude préjudiciable pour nos relations économiques et pour l’économie dans son ensemble".

L’Argentine avait reproché à Repsol ne pas investir dans son secteur pétrolier et a exercé des pressions sur sa filiale YPF, qui joue un rô le crucial pour le secteur énergétique argentin, pour qu’elle augmente sa production.

Selon une estimation du secteur, l’Argentine devrait importer cette année pour plus de 10 milliards de dollars (7,62 milliards d’euros) de gaz et gaz naturel liquéfié bien qu’elle soit un pays producteur de pétrole.

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