Le gouvernement français appelle les Gilets jaunes à ne pas manifester samedi

Benjamin Griveaux demande aux Gilets jaunes d’être « raisonnables » après l’attentat de Strasbourg alors que certains veulent poursuivre la mobilisation.

Le gouvernement n’a « à ce stade pas décidé d’interdire les manifestations » des Gilets jaunes qui se tiendront samedi 15 décembre, mais les appelle à être « raisonnables » après l’attentat de Strasbourg et à « ne pas manifester », a indiqué, ce jeudi 13 décembre, son porte-parole, Benjamin Griveaux. Maintenant que leur colère s’est « exprimée », « a été entendue » par le gouvernement et qu’il y a « répondu », « ce que nous vous demandons, en responsabilité, c’est d’être raisonnables samedi et de ne pas aller manifester », a déclaré Benjamin Griveaux sur CNews à l’adresse des Gilets jaunes.

Le mouvement semblait décidé mercredi 12 décembre à poursuivre sa mobilisation malgré les appels du gouvernement à la « responsabilité » après l’attaque de Strasbourg. De Tours à Marseille, en passant par Calais, de nombreux Gilets jaunes expriment leur solidarité avec les victimes de Strasbourg, mais restent déterminés à faire entendre leur colère, dans la rue ou autour de ronds-points, après les mesures annoncées lundi soir par le chef de l’État.

Dans les Bouches-du-Rhône, le mouvement est « parti pour un acte V, en plus important même », a affirmé Thierry Marre, coordinateur des Gilets jaunes à Istres, qui continue de réclamer, comme d’autres, « la démission » d’Emmanuel Macron. Même détermination à Marseille, même si l’on reconnaît que le drame strasbourgeois ne peut être ignoré. « Nous verrons ce qui se passe. (…) Mais, en l’état actuel des choses, nous sommes toujours partis pour un acte V », assure une coordinatrice locale, réclamant notamment la dissolution de l’Assemblée nationale.
« Une raison pour nous faire arrêter »

« On ne se sent pas concernés, par ça, les attentats. C’est pour nous faire peur. On ne changera rien », lâche également « Mamyray », une retraitée de 65 ans rencontrée par l’Agence France-Presse sur un rond-point à Rennes. « Eux pensent que c’est une raison pour nous faire arrêter. Pour moi, cela (l’attentat et les Gilets jaunes) n’a aucun rapport », estime à ses côtés Paul, brocanteur de 24 ans.

Mercredi 12 décembre au matin, le secrétaire d’État à l’Intérieur Laurent Nuñez en a appelé à la « responsabilité générale » en disant « espérer qu’il y aura moins de manifestations » de Gilets jaunes samedi. Malgré l’activation de « l’urgence attentat », plus haut niveau du plan Vigipirate , les manifestations ne devraient pas être interdites ce week-end, a-t-il précisé. Compte tenu de l’« événement dramatique » de Strasbourg et des « réponses apportées par le président » aux revendications des Gilets jaunes, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a de son côté considéré que « le mouvement (devait) cesser ».

Après l’attaque du marché de Noël, de légers tiraillements traversent toutefois ce mouvement lancé le 17 novembre contre la hausse des prix du carburant, avant de s’étendre à une dénonciation plus générale de la politique gouvernementale. À Strasbourg, « il faut que tout le monde stoppe au vu des événements », reconnaît Patrick, un Gilet jaune local, appelant à faire « profil bas jusqu’à ce week-end ».

Le mouvement sans leader ni idéologie doit aussi faire face à la propagation par certains de ses membres de thèses complotistes selon lesquelles l’attaque de Strasbourg serait un « coup monté » destiné à éclipser la mobilisation. « Un mec a sans doute dégénéré (…) dans les rues de Strasbourg et le gouvernement fait passer ça pour un attentat », écrit un internaute sur une page Facebook appelant à un acte V. En réaction, le groupe Facebook La France en colère, qui compte parmi ses membres certains initiateurs du mouvement, a suspendu mardi soir ses commentaires en évoquant une « situation particulière ».

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