Le général Gaïd Salah avance la thèse des « instigateurs de plans pernicieux » pour « infiltrer » la contestation

Le chef d’état-major de l’armée en Algérie, devenu de facto l’homme fort du pays, a appelé mardi les Algériens à la "vigilance" et à faire corps avec l’institution militaire pour empêcher les "instigateurs de plans pernicieux" d’"infiltrer" la contestation.

Dans un deuxième discours en deux jours, le général Ahmed Gaïd Salah a aussi affirmé que les procédures judiciaires lancées surtout contre des personnalités et des hommes d’affaires liés au régime du président déchu Abdelaziz Bouteflika, reposaient sur des indices "solides".

Le peuple algérien se doit "de faire preuve d’une extrême vigilance, de s’unir avec son armée et de ne pas permettre aux instigateurs de plans pernicieux de s’infiltrer dans les rangs du peuple", a estimé le général Gaïd Salah dans ce discours, prononcé lors d’une visite sur le terrain et publié sur le site du ministère de la Défense.

La veille, il avait opposé une fin de non-recevoir aux deux principales revendications du mouvement de contestation dont l’Algérie est le théâtre depuis le 22 février: le report de la présidentielle prévue le 4 juillet pour élire un successeur à M. Bouteflika, qui a démissionné le 2 avril, et le départ préalable de toutes les figures liées à son régime.

La tenue du scrutin empêchera un "vide constitutionnel" porteur de "dangers (…) aux conséquences désastreuses". Il avait également mis en garde déjà contre "l’infiltration" d’individus "ayant des plans suspects" et "utilisent les manifestations (…) pour transmettre certaines revendications irrationnelles" telles que le départ des "symboles du système".

La corruption "possède aujourd’hui des ramifications politiques, financières et médiatiques, ainsi que de nombreux lobbies infiltrés au sein des institutions du pays", a également affirmé mardi le général Gaïd Salah.

La lutte engagée contre la corruption depuis la démission du président Bouteflika est "fondée sur des informations précises et confirmées et sur de nombreux dossiers (…) aux preuves irréfutables", a-t-il martelé.

De nombreux observateurs craignent que les diverses procédures servent le double objectif d’offrir des "têtes" à la contestation – qui fustige les "voleurs" à la tête de l’Etat – tout en permettant une purge dans le cadre de luttes de clans au sein du pouvoir.

Mardi, des étudiants ont manifesté dans plusieurs villes d’Algérie, dont la capitale, appelant à nouveau au report de la présidentielle et scandant notamment "Gaïd Salah, dégage!".

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