Le député écologiste Denis Baupin accusé de harcèlement par des élues

Alors que Denis Baupin a quitté Europe-Ecologie-Les Verts mi-avril, des membres et militantes de son ancien parti témoignent sur France Inter et sur le site Mediapart, ce lundi, pour évoquer des gestes très déplacés de sa part.

Aucune plainte n’a été déposée contre le député de Paris, vice-président de l’Assemblée nationale, mais les deux médias évoquent «8 cas découverts» de ce qui pourrait s’apparenter à du harcèlement sexuel.

Ainsi Sandrine Rousseau, actuelle porte-parole d’EELV et ancienne conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais, rapporte qu’en 2011, lors d’une réunion interne, Denis Baupin «l’a plaquée contre le mur» et a essayé notamment de l’embrasser. Lorsqu’elle est allée rapporter cet incident à un membre de la direction, celui-ci lui aurait répondu : «Ah, il a recommencé…»

Une autre écologiste, Elen Debost adjointe au maire du Mans, évoque une centaine de SMS graveleux que lui aurait envoyés Denis Baupin. Une collaboratrice de l’Assemblée qui tient à rester anonyme évoque, elle, un pinçage de fesse dans un ascenseur du Palais-Bourbon. La députée du Calvados Isabelle Attard, qui a quitté EELV il y a plus de deux ans, rapporte aussi des dizaines de SMS reçus. «Je savais que nous étions plusieurs députées et une collaboratrice à en recevoir. Beaucoup se sont tus pour ne pas blesser sa compagne», justifie l’élue en allusion à Emmanuelle Cosse, qui a été à la tête du parti avant de le quitter pour devenir ministre en février.

La plupart des faits sont aujourd’hui prescrits au pénal. Pour justifier de ne pas avoir témoigné plus tôt, ces écologistes parlent notamment de la peur de nuire «aux intérêts du parti», ou encore, comme Elen Debost, de culpabilité et d’isolement. «Je ne suis pas fière de ne pas avoir porté plainte», explique-t-elle aujourd’hui. Certaines confient avoir décidé de sortir du silence lorsque le 8 mars, journée internationale de la femme, Denis Baupin a fait des déclarations pour défendre les droits des femmes.

«Il n’y a jamais de mauvais moments pour dire ces choses»

David Cormand, qui a succédé à Emmanuelle Cosse à la tête d’EELV, se dit «reconnaissant aux femmes qui en ont été victimes de le dire, c’est le seul remède pour que cela cesse». Alors que ces témoignages soudains peuvent laisser penser à un règlement de comptes de la part du parti qui traverse une crise, il balaie : «Il n’ y a jamais de mauvais moments pour dire ces choses»

Invité de France Inter après ces révélations, ce lundi matin, François de Rugy, qui a lui aussi quitté EELV, parle d’«accusations extrêmement graves». Proche de Denis Baupin, il assure ne «jamais avoir eu à connaître des faits de ce type». «Je suis abasourdi, assure-t-il. C’est à la justice d’établir la vérité des faits.»

François de Rugy insiste pour dire qu’il faut évidemment écouter le témoignage de ces femmes, mais appelle à la prudence. «Il faut respecter l’honneur d’un homme car, si ces accusations ne sont pas justifiées, c’est évidemment très grave», conclut-il.

«Je souhaite qu’il dise sa vérité», a lui réagi sur Europe 1 Bruno Le Roux, patron des députés socialistes. «Je ne le savais pas les faits sont graves, il doit maintenant donner des explications», a-t-il ajouté.

Valérie Pécresse, présidente les Républicains de la région Ile-de-France, se dit elle extrêmement «choquée» sur France Info et dénonce «ces pratiques intolérables». «Les hommes politiques devraient être totalement exemplaires et visiblement ce n’est pas le cas», se désole-t-elle avant d’ajouter : «si ces faits sont avérés Denis Baupin devrait en tirer les conséquences».

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