Le coup de téléphone préventif de Mohammed VI à Ban Ki Moon

La conversation téléphonique qu’à eu le Roi du Maroc Mohammed VI avec le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki Moon est au centre de toutes les attentions et de toutes les supputations. Non qu’elle déroge à un silence entre le Maroc et l’organisation onusienne, leurs rapports sont des plus quotidiens, des plus suivis et des plus denses, mais par ce qu’elle marque un temps fort qui vise à a précéder des accélérations dans le dossier du Sahara marocain et anticiper d’éventuels tournants.

Par Mustapha Tossa

La presse, qui a commenté ce coup de téléphone, s’est échinée à relever le teint et la teneur. Un avertissement pour les uns, une mise en garde pour les autres, une alerte pour certains…rappel à l’ordre pour d’autres…Autant de mots forts pour illustrer le fait que cette conversation était une importante mise au point, une grande clarification des enjeux et des positions à la veille d’échéances décisives.

Ces échéances sont naturellement la publication du rapport de l’ONU et la prolongation de la MINURSO, force onusienne déployée dans le Sahara marocain pour observer le cessez le feu entre l’armée marocaine et les séparatistes du Polisario. La diplomatie algérienne, partie prenante de ce conflit, avait tout fait pour proposer d’élargir les missions de la MINURSO aux droits de l’homme. La lettre du président Abdelaziz Bouteflika qu’elle avait envoyé depuis son lit d’hôpital à la rencontre d’Abuja allait dans le sens du changement des règles de jeu onusiennes. La réaction marocaine ne s’était fait attendre. Refus net et catégorique d’une telle initiative.

Or il se trouve qu’à la veille d’une importante échéance qu’est la publication de ce fameux rapport de l’ONU et les discussions autour d’un vote, l’idée défendue par les détracteurs du Maroc de changer la physionomie de la MINURSO est de retour. Changer les missions de l’ONU en cours de route sans que le pays concerné, le Maroc, ne les valide, peut s’apparenter à une dangereuse accélération des événements qui peut aboutir soit à l’impasse soit à une radicalisation des postions.

Pour éviter justement un tel scénario, le Roi Mohammed VI semble avoir estimé utile et opportun de clarifier les enjeux au Secrétaire général des Nations unies Ban Ki Moon. Il le fait suffisamment à l’avance pour donner le temps aux différents protagonistes internationaux de cette crise pour en mesurer les conséquences et les enjeux. Le tout est d’éviter glissements et dérapages susceptibles d’aboutir à un point de non retour.

Après avoir commencé à gagner la bataille de la persuasion africaine, de nombreux pays se mettent à retirer leur reconnaissances aux séparatistes du Polisario, après avoir réussi à convaincre les grands partenaires internationaux de la validité politique de son plan d’autonomie, il reste au Maroc d’empêcher que le travail de l’ONU ne soit parasité par les fossoyeurs de son unité nationale. D’où ce coup de téléphone préventif, d’où cette attention particuliers apportée aux infimes détails de la mission de la MINURSO.

Deux indicateurs importants qui disent la mobilisation marocaine sur le plan de la symbolique politique à la veille de ce fameux rapport de l’ONU. Le premier est la décision royale d’effectuer une grande visite à Dakhla, seconde grande ville du Sahara marocain, avec tout ce que cela dit sur la mise en valeur des grandes réalisations économiques et politiques dans cette région. Le second indicateur est la volonté politique et diplomatique de contrer le lobbying du Polisario et de leurs parrains algériens autour d’un certain nombre de cercles d’influence et de pouvoir en Europe. Certaines capitales européennes sont devenues depuis quelques temps le terrain sur lequel a été redéployée la capacité de nuisance d’Alger via les séparatistes du Polisario.

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