Le Quai d’Orsay se défend d’être en crise

Le ministère des affaires étrangères se défend des accusations portées par l’ancien ambassadeur de France au Sénégal, Jean-Christophe Rufin, et les anciens ministres Alain Juppé et Hubert Védrine mardi 6 juillet dans Le Monde. « Cette maison, ceux qui y travaillent, sont fiers de leur métier et continuent à être, en dépit des difficultés, totalement mobilisés », a assuré lors d’un point presse le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero, tout en reconnaissant une situation budgétaire difficile

Le porte-parole du ministère a expliqué que l’adaptation du ministère aux nouveaux défis et acteurs sur la scène internationale se "fait dans un contexte budgétaire contraint, très difficile", a-t-il dit. "Il l’est pour le Quai d’Orsay comme pour d’autres ministères […] et on est dans cet effort permanent de recherche d’économies", a-t-il ajouté.

A propos d’une tribune des ex-chefs de la diplomatie Alain Juppé (droite) et Hubert Védrine (socialiste), appelant à l’arrêt d’un "affaiblissement sans précédent [des] réseaux diplomatiques et culturels" de la France, le porte-parole a répondu : "Cela fait partie du débat, il y a les pour et les contre, c’est tout le charme de notre démocratie".

Selon Alain Juppé (au Quai d’Orsay de 1993 à 1995) et Hubert Védrine (1997-2002), "l’instrument est sur le point d’être cassé, cela se voit dans le monde entier" et "tous nos partenaires s’en rendent comptent". Le ministère a été amputé en vingt-cinq ans de plus de 20 % de ses moyens financiers et en personnels et "aucune administration n’a été réduite dans ces proportions", observent-ils. Le Quai d’Orsay est aujourd’hui un "ministère sinistré", réorganisé "à la manière d’une organisation non gouvernementale", où "les diplomates sont dans le désarroi le plus total car ils ne se sentent pas défendus", précise Jean-Christophe Rufin.

"LA POLITIQUE AFRICAINE CONTINUERA"

L’ex-ambassadeur s’en prend aussi aux "intermédiaires officieux qui ont été remis en selle depuis trois ans", qui font que "le Quai d’Orsay ne pèse plus rien dans les affaires africaines", gérées depuis l’Elysée. Bernard Kouchner a répliqué qu’il était "fier" de la politique de la France en Afrique. "Ça n’est pas nouveau qu’il y ait une politique française en Afrique", a-t-il expliqué. "Ce que nous avons fait au Rwanda, nous en sommes fiers […] La politique envers ce continent continuera", a-t-il assuré.

Dirigé depuis 2007 par l’ex-socialiste Bernard Kouchner, le Quai d’Orsay est par ailleurs la cible depuis trois jours de vives critiques de l’ex-ambassadeur français au Sénégal, Jean-Christophe Rufin. Plutôt rarissimes pour un diplomate venant de quitter ses fonctions, ses propos dans plusieurs médias ont visé tour à tour un ministère "complétement marginalisé" et un ministre, "obligé d’avaliser beaucoup de décisions […] à contrecoeur", imposées par la présidence, et qui devrait "savoir partir".

Lundi, Bernard Kouchner avait ironisé sur un homme qu’il avait lui-même nommé ambassadeur, sur le profit qu’aurait fait ce dernier, un écrivain, en publiant un roman au cours de ses trois ans au Sénégal, et qui se serait mis aujourd’hui "à bouder" parce qu’il ne le prend pas au téléphone.

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