Le Port Tanger Med prend une nouvelle dimension

L’inauguration des troisième et quatrième terminaux à conteneurs marque la fin de la troisième phase du développement de Tanger Med. Le port marocain revendique être désormais le premier port africain pour les conteneurs, et le premier port de Méditerranée.

Neuf ans de travaux, 4.600 mètres de digues, 2.800 mètres de quais, 1,3 milliard d’euros d’investissement public auxquels s’ajoutent 120 millions d’engagements privés, une capacité de 6 millions de conteneurs EVP (pour « équivalent vingt pieds », l’unité de mesure des « boîtes »), qui s’ajoutent aux 3,4 millions de conteneurs EVP de Tanger Med 1… Les chiffres ne donnent qu’une idée assez faible du chantier pharaonique qu’aura été Tanger Med 2, troisième phase du développement du port de commerce de la ville marocaine, ouverte sur l’océan Atlantique, à l’ouest, et la mer Méditerranée, au nord.

A 14 kilomètres à vol d’oiseau de l’Espagne, sur la côte méditerranéenne longeant le détroit de Gilbratar, par lequel passent près de 100.000 bateaux par an et ne transitent pas moins de 20 % des échanges commerciaux mondiaux, le complexe portuaire Tanger Med a officiellement ouvert en fin de semaine dernière deux nouveaux terminaux, qui en font « le premier port de Méditerranée en capacité », selon le président de l’Agence spéciale Tanger Méditerranée (TMSA), en charge du développement du site, Fouad Brini.

Rentrer dans le Top 20 mondial des ports à conteneurs

C’est aussi désormais le « plus grand port d’Afrique en volume de conteneurs », devant Port Saïd, sur le canal de Suez en Egypte, et Durban, en Afrique du Sud. Avec l’entrée en service de Tanger Med 2, le port marocain devrait se hisser parmi les vingt premiers ports à conteneurs à l’échelle internationale.

Opérationnel depuis 2007 , Tanger Med dessert 186 ports dans 77 pays avec 52,2 millions de tonnes manutentionnées en 2018. Son trafic pourra atteindre 120 millions de tonnes annuellement. L’Afrique est son premier marché avec une part de 38 %, suivi par l’Europe (27 %), l’Asie (26 %) et l’Amérique (9 %). Les deux premiers terminaux à conteneurs du complexe étaient arrivés à saturation en 2014, avec un excédent de « plus de 15,7 % », selon la direction. APM, filiale de gestion portuaire du géant danois Maersk, a développé au sein de Tanger Med 2 un terminal intégrant les dernières technologies d’automatisation de mouvement des conteneurs.

Le port a contribué à l’essor de Tanger, devenu le deuxième pôle économique du pays, après Casablanca. Le parc industriel adossé au complexe portuaire, en zone franche, compte ainsi 900 entreprises – surtout dans l’automobile, mais aussi le textile, l’électronique, l’aéronautique, la logistique, l’agroalimentaire – et 70.000 employés, pour un chiffre d’affaires de 5,5 milliards d’euros en 2017.

Nouveau programme d’investissement

Renault-Nissan, qui s’est doté en 2012 d’une immense usine en périphérie de Tanger, a exporté en 2017 plus de 300.000 voitures via le port, dont il est l’un des principaux clients. Deuxième constructeur automobile à poser pied au Maroc avec une usine récemment inaugurée à Kenitra, à 200 kilomètres au sud de Tanger, PSA exportera lui aussi via Tanger Med. Le port dispose, en outre, d’un terminal passagers, qui a accueilli en 2018 presque 3 millions de voyageurs, principalement des Marocains vivant de l’autre côté de la Méditerranée.

A l’horizon 2025, un nouveau programme d’investissements de 9 milliards de dirhams (820 millions d’euros) visera à renforcer la compétitivité logistique de Tanger Med et à installer le Maroc comme acteur majeur dans les corridors logistiques mondiaux.

Par Antoine Boudet
Les Echos

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