Le Parlement italien vote la loi de finances du gouvernement populiste

Le Parlement italien a voté jeudi la loi de finances 2018 révisée présentée par le gouvernement populiste, qui comprend aussi les objectifs budgétaires 2019 très controversés par la Commission européenne.

Le texte a d’abord été validé par le Sénat par 165 voix pour, 107 contre et cinq abstentions, avant d’être adopté par la chambre des députés par 331 voix pour et 191 contre.

L’approbation du texte "signifie que le Parlement s’est exprimé", a déclaré le chef du gouvernement, Giuseppe Conte.

"Nous sommes convaincus de ce que nous faisons, nous sommes très sereins et déterminés. Il y a eu quelques critiques mais aussi des signaux clairement positifs, comme ceux du ministre américain du Trésor (Steven Mnuchin) qui connaît bien les fondamentaux de notre économie, qui sont très solides", a-t-il ajouté.

Pour le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), à la tête de l’Italie avec la Ligue (extrême droite) depuis le printemps, ce vote "jette les bases pour un changement de cap dans la politique italienne".

Le commissaire européen, Pierre Moscovici, a, lui, taclé jeudi ce projet de budget, le qualifiant de "pas bon pour le peuple", tandis que la directrice du FMI (Fonds monétaire international), Christine Lagarde, a estimé que l’Italie, membre de la zone euro, devait "respecter les règles du club" sur la discipline budgétaire.

"Je n’accepte pas l’idée qu’il y aurait d’un côté une Commission bureaucrate et, de l’autre, le budget du peuple. Un budget qui augmente la dette, c’est un budget qui n’est pas bon pour le peuple", a affirmé M. Moscovici à l’AFP en marge d’une réunion du Fonds monétaire international (FMI) sur l’île indonésienne de Bali.

Ce projet de budget, amendé la semaine dernière et qui doit être soumis lundi à Bruxelles, prévoit désormais un déficit à 2,4% en 2019, contre 0,8% pour le précédent gouvernement de centre-gauche. Il est programmé à 2,1% en 2020 et 1,8% en 2021.

Le texte a provoqué l’irritation de Bruxelles et de vives tensions sur les marchés, alors que la dette publique italienne est "explosive", selon l’expression de M. Moscovici.

A quelque 131% de son PIB, l’Italie affiche le ratio d’endettement le plus élevé de la zone euro après la Grèce.

Comment l’UE réagira-t-elle au budget italien? "Il faut éviter de créer une crise entre Bruxelles et Rome, cela n’a pas de sens. L’Italie est au coeur de la zone euro (…) Mais nous ne pouvons pas non plus accepter que la dette publique italienne continue d’augmenter. Il faudra trouver un chemin", a insisté Pierre Moscovici.

"Il n’est pas trop tard pour maintenir la stabilité (et) pour s’assurer que la croissance continue en Italie", a souligné pour sa part le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, lors d’un point presse à Bruxelles.

De son côté, le vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, a prévenu que son gouvernement populiste ne ferait "pas marche arrière".

Le M5S et la Ligue estiment ce déficit nécessaire pour financer un "revenu de citoyenneté" pour les plus démunis, un système de retraites plus généreux et des baisses d’impôts.

En raison des inquiétudes autour du budget, le "spread" – le très surveillé écart entre les taux d’emprunt italien et allemand à dix ans – s’est largement accru ces derniers jours, passant au-dessus du seuil symbolique des 300 points sur le marché secondaire.

Jeudi, l’Etat italien, qui a emprunté ce jour au total 6,5 milliards d’euros, a dû notamment offrir un taux de 2,51% pour placer 3,5 milliards d’euros en bons du Trésor à trois ans, et de 3,28% pour placer 1,5 milliard en BTP sur 7 ans, les plus hauts niveaux depuis 5 ans.

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