Le Maroc se bat pour rester un pays de cinéma

Les investissements internationaux ont été divisés par 5, à quelque 30 millions de dollars par an. Les prochaines années s’annoncent meilleures.

Martin Scorsese en président du jury, Sharon Stone en invitée d’honneur de la soirée d’ouverture… Pendant toute cette semaine, Marrakech est devenue la capitale mondiale du cinéma grâce à la 13e édition de son Festival international du film. Aux côtés des stars qui se sont succédé sur le tapis rouge, la manifestation permet aussi au Maroc de mettre en avant son cinéma et de rappeler aux producteurs internationaux que le royaume reste une terre d’accueil pour les tournages avec ses sites prestigieux, Ouarzazate en tête. « Le festival est la meilleure vitrine possible pour dire que le Maroc appartient au monde du cinéma. Nous produisons des films, ils sont vus par le public, nous avons des programmes de développements de multiplex pour créer un marché, nous recevons des tournages internationaux, et les plus grands viennent tourner au Maroc malgré la crise », se félicite Nour-EddineSail, directeur général du Centre cinématographique marocain (CCM) et vice-président de la fondation en charge de l’organisation du festival.

En Afrique du Nord, le Maroc fait figure d’exception : c’est le seul pays qui a réussi à maintenir une industrie cinématographique, même s’il elle revient de loin. D’une petite dizaine de films par an il y a une décennie, la production cinématographique marocaine se situe aujourd’hui entre 20 et 25 films par an. Le Festival de Marrakech a permis à certains d’entre eux de bénéficier d’un coup de projecteur international. « Le festival favorise l’émergence du cinéma marocain », résume Bruno Barde, directeur artistique du Festival de Marrakech et directeur général de Public Système Cinéma, l’organisateur de la manifestation.

Des projets plus nombreux

Un des principaux enjeux pour le Maroc : faire revenir les tournages étrangers, principalement américains et européens, qui ont fui le pays en raison de la crise économique et des incertitudes politiques liées au printemps arabe. Les investissements ont été divisés par cinq, pour tomber à environ 30 millions de dollars par an. Après les récentes années creuses, les projets s’annoncent néanmoins plus nombreux pour les deux prochaines années.

Si le Maroc a réussi à maintenir un réseau de salles, contrairement à la quasi-totalité des autres pays du Maghreb et d’Afrique francophone, ce dernier n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut il y a deux ou trois décennies. Les Marocains ont accès à 65 écrans à travers le pays, là où il y avait 250 salles dans les années 1980. « Nous sommes des nantis par rapport au reste de l’Afrique, mais nous n’en sommes pas moins très faibles. A partir du moment où nous avons une vraie production nationale, il nous faut un vrai marché », ajoute Nour-EddineSail.

En l’espace de trente ans, miné par la piraterie, l’ouverture du paysage audiovisuel et l’émergence d’Internet, le nombre d’entrées annuel est passé de 30 millions à un petit 3 millions. L’année prochaine, trois multiplexes devraient toutefois ouvrir leurs portes, opérés par le groupe français Megarama, qui exploite déjà les multiplexes de Casablanca et de Marrakech. Le directeur général du CCM espère que l’augmentation et l’amélioration de l’offre de salles fera revenir le public.

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