Le Maroc prend le leadership démocratique arabe

Le Maroc prend le leadership démocratique arabe
Lorsque le printemps arabe avait commencé à lancer ses bourrasques dans de nombreux pays arabes, nombreux sont les observateurs qui pariaient que des citadelles pourraient résister longtemps à sa dynamique et à sa force. Des pays comme la Tunisie dont la poignée de fer policière était la plus dure a cédé sous la pression. D’autres comme l’Egypte dont le contrôle politique était poussé à l’extrême au point d’instaurer une république héréditaire ont vu leurs verrous sauter les uns après les autres.

L’onde de choc de ces deux grands bouleversements fut violente. Les monarchies du Golfe, traditionnellement protégées de la contestation sociale par l’inestimable plus value pétrolière ou gazière, tremblèrent sur leurs fondations. En Syrie, la nature meurtrière du régime de Bachar Al- Assad reprend le dessus. En Jordanie, le Roi Abdallah hésite à prendre le chemin de la reforme de crainte de se voir dilué dans le tourbillon. Au Liban où la seule bataille qui vaut la peine de sortir taquiner le pavé est celle qui dénonce le" confessionnalisme" érigé en mode de gouvernance, l’heure est à l’attentisme silencieux.

Dans l’Algérie voisine meurtrie par deux décennies de violences politiques et de terrorisme, l’heure est à l’autisme le plus absolue. Le régime prend l’image physique du Président Abdelaziz Bouteflika.
C’est dans ce contexte effervescent que le Maroc fait le choix courageux de la démocratie et de la reforme osée. Les éditorialistes ont trouvé un vocable pour qualifier cette démarche : "une révolution tranquille". Il est vrai que le débat fait rage au sein de nombreux cénacles, à l’intérieur comme à l’extérieur du Maroc, de savoir si la nouvelle constitution marocaine est d’essence démocratique ou simplement une illusion d’optique. Le simple fait qu’un tel débat puisse exister et s’exprimer dans une sérénité relative est déjà en soi un signe distinctif de bonne santé.

Vu de l’étranger, le Maroc est un pays qui a accompli de grandes réformes, en comparaison avec d’autres contrées arabes où la rue est à feu et à sang et où règne le chaos et l’incertitude sécuritaire. La nouvelle constitution que les Marocains s’apprêtent à ratifier par référendum ce premier juillet les place indubitablement dans le peloton de tête des pays arabes à transition démocratique pacifique. Le Maroc se transforme par la force des choses en un laboratoire où est testée grandeur nature la volonté d’un pays qui dans sa totalité aspire à un tournant démocratique. La recette fut réussie parce qu’existaient trois incontournables ingrédients. Le premier est l’apparition d’un mouvement de revendication démocratique pacifique qui n’a pas voulu se lier à des agendas obscurs et qui s’est limité à crier sa soif de reforme et de démocratie. Le second est l’existence d’un souverain qui a montré une grande capacité d’écoute et de réponses adaptées. Le troisième est l’existence, quoi qu’on dise, d’une classe politique marocaine responsable capable d’encadrer et s’accompagner cette dynamique.

Il parait clair aujourd’hui que l’expérience marocaine finira forcément par déteindre sur d’autres pays arabes qui vivent à peu près les mêmes ressorts. Sur l’Algérie voisine d’abord. Il serait inimaginable que le Maroc puisse vivre sa mue démocratique sans que cela ait un impact majeur sur la gouvernance de ce pays. A simplement lire les éditoriaux de sa presse renseigne sur le réveil des antagonismes entre forces conservatrices du statu quo et volonté réformatrice, entre appareil militaire et société civile. Les autres pays arabes comme les monarchies du golfe peuvent difficilement maintenir le même rythme de respiration politique. Ils seront par la force des choses acculés à opter pour d’avantage d’ouverture et de souplesse sous peine d’apparaitre comme des exceptions archéologiques.

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