Le Maroc, futur exportateur d’énergie verte à l’Europe

L’auteur, professeur émérite du groupe HEC, souligne le tournant pris par le roi Mohammed VI vers les ressources naturelles, il y a cinq ans.

Le Maroc, futur exportateur d
Pays peu doté en ressources naturelles, à l’exception des phosphates, le Maroc n’a cependant pas hésité, à l’initiative du roi Mohammed VI, à se lancer dans de grands projets structurants qui lui permettent d’être aujourd’hui dans le camp des pays émergents. Ces projets, forts consommateurs d’énergie, comme l’a été également la croissance soutenue du pays entre 2000 et 2010 (5,9 % en 2009), ont montré la dépendance du pays aux importations du pétrole.

C’est pourquoi le pays a mis l’accent depuis 2007 sur la nécessité de développer les énergies renouvelables, tout en maintenant une politique de croissance privilégiant aussi le développement durable. Cette politique porte déjà ses premiers fruits, puisque la facture énergétique est tombée en 2010 à 54 milliards de dirhams (près de 5 milliards d’euros), contre 70 milliards en 2009. Mais ces choix stratégiques devraient d’ici à 2020 révolutionner le marché euro-méditerranéen, faisant du Maroc un pays exportateur d’énergie propre, à destination principalement de l’Espagne et de la France.

Pour cela, le royaume s’est tourné vers des ressources naturelles, comme le soleil et le vent. Dès 2008, le roi Mohammed VI décide que 10 milliards d’euros vont être investis dans les énergies renouvelables. L’objectif fixé est d’atteindre, à l’horizon 2020, 42 % de la capacité de la production électrique d’origine renouvelable.
Outre le domaine hydraulique, dont l’initiateur fut le roi Hassan II, il s’agit cette fois de privilégier l’éolien et le solaire, qui ont conduit chacun à un plan. Le plan solaire, c’est un investissement de 70 milliards de dirhams porté par la réalisation de cinq centrales d’une puissance totale de 2 000 MW, économisant à lui seul 7 millions de tonnes équivalent pétrole par an et réduisant ses émissions de gaz à effet de serre de 3,7 millions de tonnes. Le programme éolien, c’est la construction de cinq nouveaux parcs, toujours d’ici à 2020, faisant passer la puissance électrique d’origine éolienne de 280 MW à 6 000 MW. Enfin, l’hydraulique sera renforcée, avec la construction de deux centrales de nouvelle génération, d’une puissance de 550 W, venant s’ajouter aux vingtsix centrales que compte déjà le royaume.

Au- delà de la réduction de la facture énergétique importée, le Maroc devrait exporter 20 % de son énergie verte à l’horizon 2020-2025, selon des économistes de l’université autonome de Madrid. Et cela, notamment, vers ses voisins méditerranéens. Ces mêmes économistes citent : 11 heures de luminosité par jour, 14 km de distance entre le nord du Maroc et le sud de l’Espagne, l’existence de câbles d’interconnexion avec le réseau européen. Que de chemin parcouru depuis l’époque où l’Espagne vendait de l’électricité au royaume. De même la France ne devrait pas être en reste. Le 13 mai 2011, le ministre de l’Industrie, Éric Besson, lors d’un forum euroméditerranéen consacré à l’efficacité énergétique, justifiait par avance cette acquisition d’énergie verte, par la nécessité de réduire la production de CO2, se plaçant dans la logique du plan solaire méditerranéen auquel est associé étroitement le Maroc.

Ainsi, le Maroc et son roi ont fait un choix judicieux, en se tournant vers les énergies renouvelables bien que le pays soit parmi ceux à faible émission de gaz à effet de serre au monde. Oser, c’est là aussi l’originalité marocaine.

(source Le Figaro)

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite