Le Maroc en position forte face à l’évolution du climat

La croissance verte met le Maroc en position forte face à l’évolution du climat

Alors que de nombreux pays sont en train d’épuiser leurs ressources naturelles et sont aux prises avec des problèmes exacerbés par le changement climatique, le Maroc montre l’exemple en concevant et adoptant des stratégies de croissance verte et solidaire reposant sur une meilleure gestion des ressources naturelles et visant à créer davantage d’emplois, de valeur et de bien-être avec les atouts disponibles.

LES POINTS MARQUANTS

La vision marocaine d’une croissance verte et solidaire repose sur une meilleure gestion des ressources naturelles pour créer davantage d’emplois, de valeur et de bien-être avec les atouts disponibles.

La fin des subventions aux combustibles fossiles a favorisé les investissements dans les énergies renouvelables et relancé les programmes de dépenses sociales du gouvernement.

Les stratégies déployées dans l’agriculture et la pêche cherchent à tirer le maximum de ressources aquatiques et halieutiques limitées.

Tout près de Marrakech, dans cet environnement semi-aride typique de cette région du Maroc, les figuiers de barbarie, qui servaient jadis à délimiter les parcelles agricoles et à conjurer la faim, renaissent aujourd’hui et donnent un nouveau sens au vieil adage : « l’économie protège du besoin ».

Les fruits que l’on avait l’habitude de jeter une fois la saison passée sont désormais pressés pour faire de la confiture et les graines récupérées par l’industrie cosmétique, qui apprécie cette huile. Surtout, dans cette région où les précipitations, déjà limitées, se raréfient, cette plante grasse sait exploiter la moindre goutte d’eau disponible. Elle contribue par ailleurs à réduire l’érosion, crée un riche écosystème et, mélangée à la paille sous forme de jus, produit du fourrage qui allège les pressions sur les pâturages.

Le développement de la chaîne de valeur de ce cactus n’est que l’un des nombreux programmes et projets en cours pour identifier les gâchis, les inefficacités et les sources de pollution dans le but d’adapter les processus de production ou d’en inventer d’autres et de créer de la valeur avec des produits jusqu’ici peu ou pas valorisés.

Alors que de nombreux pays sont en train d’épuiser leurs ressources naturelles et sont aux prises avec des problèmes exacerbés par le changement climatique, le Maroc montre l’exemple en concevant et adoptant des stratégies de croissance verte dans différents secteurs.

Cette approche est conforme aux Objectifs de développement durable adoptés par les Nations Unies en septembre 2015. Mais l’engagement du Maroc en faveur de la croissance verte est antérieur à cette date. Depuis 2011 en effet, le droit à un environnement sain et un développement durable est inscrit dans la Constitution du royaume. La Banque mondiale a soutenu cette vision, en accordant au Maroc des prêts à l’appui des politiques de développement, en finançant des projets d’investissement et en lui apportant une assistance technique.

« Le droit au développement durable ne veut pas dire protéger l’environnement au détriment de l’économie », souligne Hakima El-Haite, ministre déléguée chargée de l’environnement. « Mais il veut dire être assez sage pour trouver l’équilibre entre le développement économique, l’ascension sociale et la protection de la ressource –pour avoir suffisamment de ressources pour nos enfants et nos petits-enfants. » Cet engagement s’est traduit par un train de réformes complet depuis les subventions à l’énergie à la gestion des pêches en passant par les plans de zonage côtier ou la réglementation de la pollution qui a valu au pays des félicitations à la veille de la prochaine conférence sur le climat, à Paris.

« Il est encourageant de constater que, dans tous ces domaines, ces décisions sont le résultat d’une volonté délibérée et de politiques claires de la part des autorités, qui ont su passer de la parole aux actes en mobilisant les ressources nécessaires et en prenant des mesures concrètes », indique Marie Francoise Marie-Nelly, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte.

Verdir l’énergie pour économiser davantage

Le changement de politique le plus notoire est sans doute celui qui a conduit à organiser, depuis 2012, le démantèlement progressif des subventions aux combustibles fossiles.

Petites et grandes industries cherchent désormais à produire leur énergie et à faire des économies en récupérant leurs déchets et leurs sous-produits. Selon Said Mouline, à la tête de l’Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, les entreprises privées produisent déjà quelque 500 MW d’énergie éolienne pour leur propre consommation. « Cette activité aurait été impossible sans la disparition des subventions », affirme-t-il. « L’économie verte passe par la réglementation. »

À l’échelon national, le secteur de l’énergie s’est radicalement transformé, avec de lourds investissements dans les énergies renouvelables et l’implication manifeste du secteur privé, à travers les producteurs indépendants. Autant de bonnes nouvelles pour l’atténuation du changement climatique comme pour le développement humain et le bien-être des populations. Les économies engendrées par la suppression des subventions à l’essence, au diesel et au fioul lourd ont permis au gouvernement d’augmenter ses dépenses sociales en faveur des pauvres, notamment dans le secteur de la santé et de l’éducation : la part des allocations du Fonds de cohésion sociale, qui finance des programmes de protection sociale, dans les dépenses de l’État a doublé entre 2012 et 2015.

Une agriculture plus résistante et moins gourmande en eau

L’agriculture représente en moyenne 16 % du PIB et emploie environ 40 % de la main-d’oeuvre du pays. Le Plan Maroc Vert cherche à renforcer la valeur ajoutée du secteur et à créer des emplois tout en rendant l’agriculture plus durable, plus inclusive et plus résistante.

Cette stratégie nationale prévoit entre autres une aide aux pratiques climato-intelligentes dans l’agriculture pluviale et irriguée.

Pour les exploitants en agriculture pluviale, la technique du semis direct permet de préserver l’humidité du sol et la terre végétale et, en période de sécheresse, elle contribue à stabiliser les rendements céréaliers.

Les exploitants pratiquant l’irrigation tentent, avec les techniques de goutte-à-goutte, de s’adapter aux pressions grandissantes sur les ressources hydriques. Pour Brahim Berjamy, responsable des systèmes d’information et de la communication pour l’Agence du bassin hydraulique du Tensift, « nous devons nous efforcer de gérer la demande afin de prôner une utilisation [de l’eau] plus rationnelle et plus efficace. »

La pêche et l’emploi des générations futures

En mer, l’impact du changement climatique peut prendre différentes formes, comme les migrations observées et attendues de certaines espèces, qui fuient le réchauffement et l’acidification de l’eau ainsi que l’évolution des modèles de circulation des océans. Mais actuellement, le principal frein à la croissance tient aux pratiques de pêche illicite, non déclarée et non réglementée, qui mettent en péril le renouvellement naturel des espèces et les moyens de subsistance de près de 500 000 Marocains.

Conscientes de ce danger, les autorités ont investi dans un certain nombre de dispositifs, dont un système de suivi des navires par satellite, qui impose aux bateaux à partir d’un certain gabarit de s’équiper de balises afin de pouvoir les suivre en temps réel et d’avoir une vraie traçabilité. Les pêcheurs doivent par ailleurs respecter des zones de reproduction de certaines espèces, interdites à la navigation, et appliquer les règles concernant le matériel acceptable et la taille minimale des prises.

D’autres réformes en lien avec la croissance verte cherchent à améliorer la gestion des zones côtières, développer une aquaculture durable en milieu rural (où vivent 70 % des pauvres) et, en préservant le patrimoine naturel, à engendrer des recettes supplémentaires. Le tourisme centré sur la découverte de la nature fait partie des filières en plein boum dans l’industrie touristique mondiale et pourrait créer des emplois au Maroc et contribuer ainsi à la croissance du pays.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite