« Le Justicier »: enquête sur Sarkozy et la justice

Ancien avocat, Nicolas Sarkozy entretiendrait avec la justice une relation qui se situe entre "brutalité et séduction", peut-on lire dans cet ouvrage par jeudi.

Dès 2002, comme ministre de l’Intérieur, il empiète, détaille l’auteur, sur le terrain du ministère de la Justice, forçant la place Vendôme à légiférer à chaque faits divers dramatique après avoir reçu à son ministère les victimes.

Dans cet ouvrage, l’ancien garde des Sceaux, Dominique Perben, raconte qu’en 2003, face à la proposition de loi sur les peines planchers soutenue par un député proche de Nicolas Sarkozy, il a menacé de démissionner.

Dès cette époque, le ministre de l’Intérieur commence à placer ses hommes lige aux postes stratégiques de la magistrature, selon le livre. La plupart sont d’anciens membres de l’Association professionnelle des magistrats (APM), un syndicat aujourd’hui disparu et classé à droite. En 2002, Yves Bot devient procureur de la République de Paris. En 2007, Philippe Courroye prendra la tête du parquet de Nanterre.

Comme président, Nicolas Sarkozy garde la haute main sur la Justice: nominations, projet de réforme, interventions… Depuis son élection en mai 2007, le paysage procédural a été modifié par plus d’une trentaine de textes, mais la principale réforme, la suppression du juge d’instruction, ne verra pas le jour avant la fin du quinquennat.

Derrière l’analyse de la méthode de Nicolas Sarkozy pour contrô ler l’institution judiciaire, "Le Justicier" recèle de nombreuses anecdotes. Ainsi le livre raconte que lorsque le cinéaste Roman Polanski est arrêté fin 2009 en Suisse à la demande des Etats-Unis pour une affaire de viol sur mineure datant de 1978, "il ordonne à la Chancellerie de cesser toute coopération judiciaire avec la Suisse". La bouderie ne durera que quelques jours en raison de l’importante collaboration pénale entre les deux pays.

L’on découvre également que le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, a sollicité, avec huit ans de retard, le remboursement de son déménagement de Lyon à Paris. Refus du trésorier payeur général (TPG) des Yvelines. Sur ses conseils, avoue le magistrat à l’auteur, il écrit en 2008 au ministre du Budget, Eric Woerth, pour obtenir gain de cause. Le magistrat percevra finalement 2.000 euros d’indemnité forfaitaire. "Une facilité (qui) ne mettait pas Philippe Courroye dans la meilleure position pour enquêter sur Eric Woerth en pleine affaire Bettencourt", estime l’auteur.

– "Le Justicier" par Dorothée Moisan, Editions du Moment, 280 pages, 19,95 euros.

(Source AP)

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