La tentation du chantage

Tout les accable et pourtant les deux journalistes français à la réputation sulfureuse, Eric Laurent et Catherine Graciet, nient l’évidence. A l’accusation de chantage contre le Roi du Maroc, ils opposent le mot « tentation ». Une forte tentation devant les deux millions d’euros qu’ils s’apprêtaient à extorquer en échange de la non publication d’un livre prétendument à charge contre le royaume.

Par Hasna Daoudi

Appât du gain, oui, chantage, non ! , clament-ils. Mais pour le commun des mortels, quelle est la frontière entre les deux ? Pas grand chose. Mais devant un tribunal, ces deux mots n’auront pas la même conséquence pénale.

"Déontologiquement, ça ne change pas grand-chose. Sortir d’un rendez-vous avec une enveloppe bourrée de billets, en échange d’un renoncement écrit à la publication d’une enquête : quel journaliste normalement constitué ne peut frémir à la seule idée de cette scène ?", déplore le site Rue89.

"Piège", "manipulation", "enregistrements tronqués", cette tactique d’attaque, les deux maître chanteurs en ont fait la pierre angulaire de leur défense malgré les rencontres et les enregistrements, effectués sous le contrôle de la police et du parquet de Paris. Attaquer ces preuves accablantes reviendrait à remettre en cause l’indépendance de la justice française dont la France s’en est fait le chantre.

En fait que dit Mme Graciet ? « Oui, je me suis laissée tenter (…). J’ai eu un accès de faiblesse… C’est humain, non ? Chacun se demande ce qu’il ferait de sa vie avec 2 millions d’euros», se justifie-t-elle auprès du Parisien. La réponse, c’est son complice qui va la révéler sur I-Télé : "Se consacrer à sa passion : l’équitation".

Apparemment, Catherine Graciet n’en est pas à son premier coup. Elle avait tenté de faire de même avec l’ex-président tunisien Ben Ali pour son livre "La régente de Carthage". Mais Ben Ali avait envoyé balader la racketteuse et l’avait fait savoir. Mais à l’époque, personne n’a voulu y croire.

Son complice, lui, justifie sa vénalité par un " contexte personnel très difficile" et un sentiment chevaleresque. "J’ai exercé ce métier pendant 30 ans et j’avoue que là, j’en ai un peu assez. Donc je me dis : après tout, on n’a pas envie, quelles que soient les réserves que l’on peut avoir sur la monarchie, que s’instaure une république islamique. S’il propose une transaction, pourquoi pas." Sapristi, rien que ça !

Les deux journalistes français ont bel et bien proposé d’enterrer un livre contre quelques millions d’euros. Ils ont signé un protocole d’accord et empoché une avance de 40 000 euros chacun, avant d’être arrêtés en flagrant délit par la police française et mis en examen par un juge d’instruction. "Le piège c’est le fait, en réalité d’avoir déposé une plainte entre les mains de la justice française", répond l’avocat du royaume Me Eric Dupond-Moretti.

Et d’ajouter sur LCI: "Le piège c’est que je saisis la justice française sur laquelle le palais marocain n’a strictement aucune autorité. Allez demander aux trois juges d’instruction qui ont été désignés s’ils sont à la botte du pouvoir marocain ?"

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