La résidence de DSK embarrasse le PS

Pour préparer sa défense, Dominique Strauss-Kahn s’est installé dans une luxueuse résidence new yorkaise. Un emménagement qui dérange en France. Notamment les socialistes, qui critiquent, depuis des années, le « bling bling » de Nicolas Sarkozy. Dans la majorité, par contre, on se réjouit de cette affaire en vue de 2012. « Il a trouvé ce qu’il pouvait trouver », a défendu Jean-Christophe Cambadélis, un très proche de l’ancien patron du FMI.

La résidence de DSK embarrasse le PS
Alors que le PS s’apprête à entériner définitivement samedi le projet pour 2012 – lors des premières grandes retrouvailles depuis l’affaire DSK -, certains socialistes voient d’un mauvais œil l’emménagement de Dominique Strauss-Kahn dans une luxueuse maison de New York. De l’appartement trois pièces qui lui avait été prêté "temporairement" par la société de sécurité, l’ancien patron du FMI s’est installé mercredi soir dans une résidence de 600 m² louée 35.000 euros par mois. Et c’est bien là que le bât blesse, même si Anne Sinclair a connu des difficultés à trouver un logement. Car le faste ne fait pas partie du programme socialiste. Bien au contraire. Cela "n’appartient pas au champ de valeurs des socialistes", a estimé Arnaud Montebourg jeudi soir sur BFMTV. "Il est vrai que les milliers de dollars qui vont être dépensés pour tenter de décrédibiliser une femme pauvre, noire, qui travaille dur, qui s’est plaint d’un viol, ce n’est pas rien, moi ça me gêne", a ajouté le candidat déclaré à la primaire socialiste.

Arnaud Montebourg a également condamné le système américain qui donne la part belle aux riches. "Si vous avez de l’argent, vous pouvez échapper à la prison de Rikers Island, si vous n’en avez pas tant pis pour vous", a estimé l’élu de Saône-et-Loire, qui n’hésite pas, dans la course à la primaire, à critiquer les ténors du parti. Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a également réagi jeudi sur France Inter. "Je comprends que cela puisse choquer des millions de Français d’entendre parler de loyers pareils, de loyers aussi importants", a-t-il expliqué. Avant d’ajouter que ce n’était "un secret pour personne que DSK compose avec son épouse un ménage fortuné". "Je ne veux pas porter de jugement. J’ai un avis mais je le garde pour moi", a conclu Benoît Hamon, qui se situe à l’opposé de DSK sur l’échiquier socialiste.

Apparu critique "les leçons de morale" du PS

Mais cette affaire – qui vient s’ajouter à la récente polémique sur la Porsche de DSK – fait le bonheur de l’UMP dans la course à 2012. Davantage même que l’accusation d’agression sexuelle portée par une femme de chambre à l’encontre du socialiste, qui était le mieux placé pour s’imposer face à Nicolas Sarkozy lors de l’élection présidentielle. "Le fait que le PS, ‘défenseur des plus fragiles’, ait pu envisager de présenter un candidat au train de vie hallucinant, va avoir un impact sur la présidentielle", se réjouit un dirigeant de l’UMP dans le quotidien Métro. Et de poursuivre : "A côté, le Fouquet’s est d’une banalité effroyable". Au soir de sa victoire en 2007, Nicolas Sarkozy avait fêté son arrivée au pouvoir dans ce célèbre et luxueux restaurant des Champs-Elysées, lançant ainsi une mandature "bling bling" vivement critiquée par l’opposition.

"Les gens qui sont riches, tant mieux pour eux", a fait valoir Benoist Apparu, vendredi matin sur i-Télé. Mais le secrétaire d’Etat chargé du Logement a tenu à critiquer l’attitude socialiste, qui "donne en permanence des leçons de morale à la droite" accusée de "faire de la politique pour les riches". "J’espère qu’ils tireront un peu de modestie de cette affaire", a déclaré Benoist Apparu.

"C’est un choix contraint"

Surtout que par le passé, DSK n’avait pas manqué de critiquer l’attitude d’Hervé Gaymard. En 2005, le ministre de l’Economie avait été épinglé sur son logement par Le Canard Enchaîné, à savoir un duplex de 600 m² à 14.000 euros par mois. Sur le plateau de l’émission 100 minutes pour convaincre, le socialiste lui avait alors vivement reproché : "Comment ne vous êtes-vous pas rendu compte que prendre un appartement dont le loyer équivaut à dix fois le Smic était inacceptable?". La différence : ce logement était payé par l’Etat et non par Hervé Gaymard lui-même, comme c’est le cas dans l’affaire DSK.

"Il a trouvé ce qu’il pouvait trouver. C’est-à-dire où personne n’aurait fait de pétition pour qu’il s’en aille", a défendu Jean-Christophe Cambadélis, appartenant à la garde rapprochée de DSK, vendredi matin sur Canal+. Initialement, l’ancien patron du FMI devait rejoindre le Bristol palace, mais les propriétaires s’étaient opposés à sa venue. "C’est un choix contraint de quelqu’un qui a les moyens. Ce n’est pas lui qui a décidé d’être assigné à résidence, pas lui qui a décidé qu’il ne pouvait pas prendre d’appartement parce que les gens ne supportaient pas le nombre de journalistes qui étaient en bas de chez lui", a poursuivi le député. Quant aux conséquences de cette nouvelle polémique sur la campagne présidentielle, Jean-Christophe Cambadélis a jugé que le "bling bling ça ne sera pas Dominique Strauss-Kahn parce qu’il ne sera pas dans la campagne", alors que "Nicolas Sarkozy le sera".

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