La pollution de l’air réduit notre espérance de vie

Près de deux ans d’espérance de vie pourraient être gagnés dans les villes les plus polluées d’Europe si la pollution pouvait être ramenée aux niveaux préconisés dans les lignes directrices de l’OMS, selon un bulletin de l’Institut de veille sanitaire.

La pollution de l
Asthme, infections respiratoires, maladies cardio-vasculaires… les conséquences de la pollution de l’air sur la santé ne sont plus à prouver. C’est la raison pour laquelle le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié ce mardi par l’Institut de veille sanitaire, tire la sonnette d’alarme et préconise des politiques « plus radicales », y compris dans les villes d’Europe où les niveaux de cette pollution sont relativement bas.

Comme le rappelle dans l’éditorial du BEH Michal Krzyzanowski, du Centre européen de l’environnement et de la santé de l’OMS, « les preuves des effets nocifs de la pollution atmosphérique sur la santé se sont multipliées ces dix dernières années ». L’étude Aphekom (résultats de 2011) a démontré l’ampleur des effets sur la santé publique des niveaux actuels de pollution dans 25 villes européennes (dont 9 françaises).

« Près de deux ans d’espérance de vie pourraient être gagnés dans les villes les plus polluées d’Europe si la pollution pouvait être ramenée aux niveaux préconisés dans les lignes directrices de l’OMS relatives à la qualité de l’air », soit 10 µg/m3, souligne Michal Krzyzanowski. « Cela représente près d’un tiers de l’écart d’espérance de vie observé entre les Etats membres de l’Union européenne ». Pour les neuf villes françaises étudiées, le gain potentiel irait de 3,6 mois à Toulouse (14,2 µg/m3) à 7,5 mois à Marseille (18,5 µg/m3) ; à Paris, l’étude évoque 6 mois gagnés si le taux passait de 16,4 à 10 µg/m3.

Fort de ce constat, Michal Krzyzanowski invite à passer à des « approches politiques plus radicales et globales » afin de « réduire davantage l’exposition de la population, même lorsque les normes sont respectées ». Selon le BEH, plusieurs études montrent que des mesures de réduction de la pollution atmosphérique ont des effets bénéfiques sur la santé, principalement par une réduction de la mortalité et/ou de la morbidité cardiovasculaire ou respiratoire.

La limitation de la teneur en soufre des carburants à 0,5% en poids mise en application à Hong Kong en 1990 pour les centrales électriques et les véhicules a permis par exemple de réduire de 53 % les taux moyens de dioxyde de soufre (SO2) dans l’ensemble de la ville et de 80% dans le district fortement pollué de Kwai Tsing. En Europe, la mise en oeuvre au milieu des années 1990 d’une directive destinée à réduire la teneur en soufre de certains carburants a également eu des conséquences positives. Pour les 20 villes étudiées, une baisse globale d’environ 66% des niveaux de SO2 ambiant a été observée. À partir de l’année 2000, cette mesure aurait permis d’éviter 2 212 décès par an. En revanche, le péage urbain mis en place à Londres en 2003 dans le but de réduire l’importance du trafic dans la centre-ville aurait eu peu d’effet sur les concentrations de polluants atmosphériques.

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