La méningite, « hantise des médecins et particulièrement des urgentistes

Plusieurs cas récents de méningite foudroyante ont malheureusement conduit aux décès d’une adolescente et d’une fillette de 7 ans au cours de la semaine passée. Notre chroniqueur, le médecin hospitalier Gérald Kierzek, fait le point sur ce trouble et les symptômes qui doivent déclencher l’alerte.

On pense souvent méningite = infection. En réalité, la méningite est une inflammation et non une infection des méninges, ces enveloppes qui entourent le système nerveux (moelle épinière et cerveau) et qui contiennent le liquide céphalorachidien. L’infection est une des causes de méningites mais il existe également des méningites liées à des cancers et des maladies inflammatoires (lupus).

Les méningites sont le plus souvent virales et bénignes. Plus rarement – mais malheureusement ce sont les cas les plus graves – la méningite peut également être bactérienne. L’Institut National de Veille Sanitaire estime le nombre à 2 cas pour 100.000 habitants. Tout l’enjeu de ces méningites bactériennes est ainsi d’en faire le diagnostic en urgence et d’instaurer un traitement antibiotique précoce pour diminuer les risque de décès (20% chez l’adulte et 10% chez l’enfant) et de séquelles (30%). Plusieurs bactéries sont en cause et diffèrent en fonction de l’âge (pneumocoque, méningocoque, haemophilus,…)

Quels sont les symptômes ?

Mais il est important de repérer les symptômes d’une méningite bactérienne notamment pour pouvoir appeler les secours très rapidement. Les symptômes sont regroupés sous le vocable de "syndrome méningé" fébrile. Chez l’adulte ou l’enfant capable de s’exprimer, il s’agit de maux de têtes violents, des nausées et vomissements, une raideur de la nuque et une hypersensibilité à la lumière (on parle de photophobie). Dans les formes graves, il peut y avoir des troubles de conscience, une agitation ou au contraire un coma ou une crise d’épilepsie. Ces symptômes avec de la fièvre doivent conduire à un appel au SAMU-Centre 15 sans tarder car chaque minute compte.

Chez les nouveaux-nés et les bébés, les cas peuvent être difficiles à déceler. Forte fièvre, raideur du cou et parfois de tout le corps, ou encore crise convulsive sont évocateurs. D’autres signes doivent alerter : pleurs sans arrêt, modification du teint, somnolence, manquer d’appétit ou encore vomissements. Mais un signe doit ALARMER chez l’enfant comme chez les adultes : une éruption cutanée de plusieurs petits boutons violacés. Cette éruption parfois discrète au niveau des extrémités (pieds, mains) signe une meningococcémie (ou purpura fulminans) et nécessite des antibiotiques en urgence.

Fièvre, maux de têtes voire tâches cutanées font suspecter le diagnostic. En fonction de la gravité, des antibiotiques seront injectés de toute urgence, avant même la réalisation de la fameuse ponction lombaire tant redoutée, c’est à dire un prélèvement du liquide qui entoure les méninges. Ce geste est désagréable mais peu douloureux (introduction comme pour l’anesthésie péridurale lors de l’accouchement d’une petite aiguille dans le bas du dos). Seuls les résultats de cette PL permettront de confirmer ou infirmer le diagnostic de méningite. Notons aussi qu’une méningite virale guérit spontanément et ne nécessite pas d’antibiotique. On peut donc très bien avoir une méningite, bénigne, et ne pas être hospitalisé.

Mes conseils

– Connaître les signes de méningite et ne pas hésiter à alerter le SAMU-Centre 15

– Se faire vacciner :
En dehors de toute méningite dans l’entourage, et de manière générale, il est important de respecter le calendrier vaccinal qui prévoit des vaccins contre le méningocoque, le pneumocoque et l’Haemophilus. Cette vaccination est proposée par le médecin traitant, par exemple, le vaccin anti méningocoque C (une certaine souche) est indiqué de l’âge de 12 mois à 24 ans.

En cas de survenue d’une méningite (Infection invasive à méningocoque C), une mise à jour de ces vaccinations dans l’entourage est préconisée, voire un traitement antibiotique préventif prescrit par le médecin

Pas de panique quand même : les situations de la vie courante comme avoir échangé une poignée de main, fait une bise sur la joue ou partagé une bouteille/un verre n’exposent pas au risque de transmission du méningocoque.

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