La discorde entre Obama et le président philippin domine le sommet asiatique

Le président américain Barack Obama a annulé mardi une rencontre avec son homologue philippin en marge d’un sommet au Laos des pays d’Asie du Sud-Est, après avoir été traité de « fils de pute » par ce dirigeant d’un des plus proches pays alliés des Etats-Unis en Asie du Sud-Est.

Source AFP

Rodrigo Duterte "regrette que ses remarques devant la presse aient causé une telle controverse", a tenté d’excuser le gouvernement philippin dans un communiqué publié juste avant l’ouverture du sommet.

Le dirigeant, très coutumier des insultes, "a expliqué que des commentaires de presse selon lesquels le président Obama lui ferait la morale sur les exécutions extrajudiciaires l’avaient conduit à ce commentaire virulent", ajoute Manille.

Rodrigo Duterte est très critiqué pour avoir incité ses concitoyens à tuer eux-mêmes toxicomanes et trafiquants. Ces exécutions extrajudiciaires ont déjà fait officiellement près de 3.000 morts depuis l’accession au pouvoir de Duterte en juin.

Après une campagne ordurière et populiste, celui-ci, qui participe au Laos à sa première grande réunion internationale, a multiplié les coups de sang, menacé de quitter l’ONU et de rompre avec Washington et Canberra.

Le président Obama devrait cependant être amené à croiser son homologue philippin lors de ce sommet de l’Asean à Vientiane, capitale du Laos, petit pays d’Asie du Sud-Est frontalier de la Chine.

Ce refroidissement des relations entre Washington et son allié traditionnel philippin intervient alors que doit être évoquée à Vientiane la question des ambitions de Pékin en mer de Chine méridionale, contestées par les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et Taïwan.

Ben Rhodes, un proche conseiller d’Obama, a cependant assuré à la presse que, sur un plan plus large, les relations avec les Philippines, "restaient archi-solides", évoquant une possible rencontre informelle Duterte-Obama mercredi.

L’Asie du Sud-Est figure en bonne place dans la politique américaine de "pivot" de l’Amérique vers cette région du globe, pièce maîtresse de la politique étrangère et économique des Etats-Unis.

Lors d’une première conférence de presse, le président américain a insisté sur le fait que "l’intérêt de l’Amérique pour l’Asie-Pacifique n’est pas un caprice passager", mais "le reflet des intérêts nationaux fondamentaux" de Washington sur le long terme.

Il a aussi averti mardi la Corée du Nord, qui a procédé lundi au tir de trois missiles balistiques, que ses "provocations" ne conduiraient qu’à "renforcer son isolement".

Parmi les principaux dossiers au programme, Barack Obama devrait défendre les mérites du traité de libre-échange transpacifique (TPP). Plusieurs pays de l’Asean sont signataires du TPP, mais d’autres restent à convaincre.

Sur un registre plus apaisé, ce sommet sera aussi l’occasion pour Barack Obama de revoir la Birmane Aung San Suu Kyi, pour la première fois depuis sa victoire aux législatives de novembre 2015. Celle-ci est désormais chef de la diplomatie birmane. Elle sera aussi reçue la semaine prochaine à la Maison Blanche, a annoncé Barack Obama à Vientiane.

Le président américain a par ailleurs promis d’aider le Laos, qui a reçu le plus grand nombre de bombes par habitant au monde, à se débarrasser de celles héritées de la guerre du Vietnam, qui continuent de faire des victimes.

Il a annoncé 90 millions de dollars d’aide au Laos pour le déminage et l’aide aux victimes. Il devrait visiter mercredi à Vientiane un centre d’accueil pour ces victimes.

Lorsque la guerre du Vietnam a débordé sur son sol de 1964 à 1973, Washington tentait alors de couper les voies d’approvisionnement des combattants nord-vietnamiens. Plus de deux millions de tonnes de bombes y ont été lancées – et elles continuent d’exploser.

"Ce fut une guerre secrète… Cela a fait du Laos le pays le plus bombardé, plus que l’Allemagne ou le Japon", a rappelé Barack Obama, soucieux de regarder en face "l’héritage douloureux de la guerre".

Barack Obama est le premier président américain à poser le pied sur le sol du Laos, souvent décrit comme une succursale de la Chine qui y développe casinos et exploitations minières.

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