La difficile question du retour des jihadistes à travers le monde

De nombreux pays font face à un retour de leurs jihadistes avec l’annonce de la chute imminente du califat de l’État islamique (EI) en Irak et en Syrie.

Plusieurs centaines de jihadistes étrangers, probablement autour de 800, sont aux mains des Kurdes en Syrie, auxquels s’ajoutent les femmes non combattantes et les enfants. La Tunisie, le Maroc, l’Arabie saoudite, la Turquie et la Russie sont en première ligne, tout comme la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Belgique.

– France : Autour de 130 hommes, femmes et enfants sont détenus par les forces kurdes syriennes (FDS). S’y ajoutaient, en janvier, environ 250 hommes toujours "dans la nature" en Syrie, ainsi que des femmes et des enfants. Plus de 300 jihadistes français auraient été tués.

Paris souhaite éviter leur dispersion et envisage de récupérer ses nationaux qui se trouvent en Syrie. Mais la nature du processus reste floue.

– Belgique : Sur plus de 400 combattants belges partis depuis 2012, environ 150 étaient encore actifs en zone irako-syrienne fin 2018. S’y ajoutaient quelque 160 enfants et adolescents nés d’au moins un parent belge.

La position officielle veut que le retour des enfants de moins de 10 ans soit facilité, à condition qu’une filiation avec un parent belge soit prouvée. "Pour les autres, c’est du cas par cas", indique-t-on au gouvernement.

– Allemagne : Un tiers des plus de 1.050 islamistes qui ont voyagé de l’Allemagne vers la Syrie ou l’Irak sont revenus en Allemagne.

"Tous les citoyens allemands, y compris ceux soupçonnés d’avoir combattu pour l’EI, ont le droit de rentrer en Allemagne", selon la position officielle. Jusqu’ici, il n’existe pas de réel débat dans l’opinion publique sur le sujet.

– Royaume-Uni : En juin 2018, sur près de 900 jihadistes britanniques partis en Irak et en Syrie, près de 400 étaient revenus, essentiellement des femmes et des enfants. 40 avaient été poursuivis par la justice. Le Royaume-Uni a également mis en place des programmes de déradicalisation.

En janvier dernier, les autorités estimaient à 200 le nombre de jihadistes britanniques encore présents en Irak et en Syrie. Un haut responsable de l’antiterrorisme a récemment qualifié leur retour de "menace principale".

– Russie : Près de 4.500 citoyens russes étaient partis à l’étranger pour combattre "du côté des terroristes", avaient indiqué début 2018 les services de sécurité russes.

Il n’y a pas eu d’annonce officielle sur d’éventuels jihadistes repentis rapatriés vers la Russie, la stratégie du Kremlin étant plutôt de les tuer sur place. En revanche, la Russie s’active à rapatrier les enfants de jihadistes.

Une centaine d’enfants et de femmes, la plupart originaires des républiques russes musulmanes du Caucase, sont jusqu’à présent revenus. Les opérations ont été confiées au dirigeant de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov.

– Kosovo : Sur les 300 ressortissants partis en Irak et en Syrie, 145, dont la moitié de femmes et d’enfants, y sont encore présents.

En vertu d’une nouvelle loi ad hoc, les jihadistes risquent de 5 à 10 ans de prison à leur retour. Une vingtaine d’imams ont été sélectionnés pour mener des programmes de déradicalisation en prison.

– Albanie : 145 ressortissants (femmes et enfants compris) ont rejoint les zones jihadistes entre 2012 et 2014. Le décès de 23 d’entre eux a été confirmé et 45 sont revenus.

Les autorités ont mené des projets de déradicalisation prévoyant notamment des aides économiques. Des peines allant jusqu’à 18 ans de prison ont été prononcées pour recrutement de jihadistes.

– Maroc : En 2015, le nombre de Marocains dans les rangs de groupes jihadistes en Irak et en Syrie était estimé à plus de 1.600.

A leur retour, ils sont systématiquement interpellés, jugés et incarcérés. Les peines vont de 10 à 15 ans de prison. Plus de 200 "revenants" avaient été interpellés et traduits devant la justice à la mi-2018.

– Tunisie : Entre 3.000 et 5.000 ressortissants tunisiens seraient partis combattre en Syrie, en Irak, et en Libye, aux côtés d’organisations jihadistes.

Le gouvernement tunisien ne souhaite pas faciliter leur retour. "La Constitution prévoit qu’on doit accepter tous les citoyens, mais il faut qu’ils passent par la justice et éventuellement la prison", a récemment déclaré le président Béji Caïd Essebsi.

– Indonésie : 590 Indonésiens qui ont rejoint l’EI sont encore en Syrie, selon le gouvernement indonésien, qui ne donne aucun chiffre pour l’Irak.

Les combattants de retour doivent suivre un programme de déradicalisation avant d’être libérés, mais toujours surveillés.

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