La conférence sur la Libye fragilisée dès son ouverture

La conférence sur la Libye, ouverte lundi soir à Palerme en Sicile, entre mardi dans le vif du sujet à l’occasion d’une réunion de travail à laquelle il n’est néanmoins pas certain qu’elle rassemble tous les participants.

Le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, continue à maintenir le suspense sur sa participation à cette plénière, après avoir snobé lundi soir le dîner offert par le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.

Arrivé dans la soirée, il a bien accueilli par M. Conte mais pour faire aussitôt demi-tour et quitter le lieu de cette conférence. "Ta contribution pour la conférence est importante", a confié M. Conte au maréchal libyen avant qu’il ne quitte les lieux.

Le maréchal, dont les forces contrôlent l’est du pays, rechigne à s’asseoir à la même table que certains des participants à cette conférence, qu’il considère comme des extrémistes islamistes, selon son entourage.

Dans ces conditions, l’incertitude restait totale mardi matin sur sa volonté d’assister à la réunion de travail, prévu à partir de 11H00 (10H00 GMT) dans les salons de la somptueuse Villa Igiea, sur les hauteurs de Palerme.

"Le parcours vers la stabilité de la Libye est complexe et ne prévoit pas de raccourcis ou de solutions miraculeuses", a prévenu M. Conte lundi soir devant ses convives, selon des propos rapportés par les médias italiens.
Une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement participent à cette conférence, à laquelle ont été conviés une trentaine de pays dont l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Turquie, le Maroc, la France, l’Allemagne, la Grèce, ou l’Espagne. L’Union européenne est représentée par le président du Conseil européen Donald Tusk et la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Côté libyen, le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) internationalement reconnu, Fayez al-Sarraj, le président du Parlement, Aguila Salah, celui du Conseil d’Etat, équivalent d’une chambre haute à Tripoli, Khaled al-Mechri, et M. Haftar sont présents à Palerme, ainsi que des représentants de certaines milices.

"Dépasser l’impasse"

Le gouvernement italien entend faire de ce rendez-vous de Palerme, qui fait suite à la conférence de Paris sur la Libye en mai dernier, l’occasion pour la communauté internationale de resserrer les rangs derrières les Nations unies dont la feuille de route a été présentée jeudi à New York par l’émissaire de l’Onu pour la Libye, Ghassan Salamé.

"L’Italie et la communauté internationale soutiennent le travail de l’Onu. Il faut dépasser l’impasse dans laquelle le processus politique libyen est englué depuis trop longtemps", a déclaré M. Conte dans un entretien lundi avec le journal La Stampa.

En lever de rideau à cette conférence, des réunions axées sur la sécurité ont eu lieu lundi après-midi entre M. Conte et M. Salamè et des participants libyens.

A cette occasion, Stephanie Williams, l’adjointe de M. Salamé, s’est félicité des réformes entreprises par le gouvernement de M. al-Sarraj pour rétablir de l’ordre dans la capitale, après des affrontements meurtriers de septembre près de la capitale libyenne, affirmant toutefois il "reste encore beaucoup à faire".

La conférence de Palerme, minée par les tensions entre factions libyennes, l’est aussi par les divisions entre les différents pays qui s’intéressent de près à la Libye.

Dans une interview à l’AFP jeudi, M. al-Sarraj a ainsi souhaité que la conférence débouche sur "une vision commune vis-à-vis du dossier libyen", soulignant "la nécessité d’unifier les positions" de Paris et Rome.

Après la rencontre de Paris, Rome avait reproché à la France de vouloir faire cavalier seul sur la Libye, dirigée aujourd’hui par deux entités rivales: le GNA, issu d’un processus onusien basé à Tripoli et une autorité installée dans l’Est soutenue par un Parlement élu en 2014 et une force armée dirigée par M. Haftar.

En mai, Paris avait fortement plaidé pour la tenue d’élections en décembre, rencontrant très vite le scepticisme côté italien, mais aussi côté américain.

Des doutes partagés par M. Salamé qui a indiqué jeudi devant le Conseil de sécurité de l’Onu qu’une conférence nationale devrait se tenir début 2019, enterrant de facto la perspective d’élections avant la fin de l’année.

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