La bataille de la reconnaissance de l’Etat palestinien aura bien lieu

Depuis la guerre israélienne contre Gaza, l’idée fait son chemin dans les esprits européens… Pourquoi ne pas reconnaître l’Etat palestinien déjà reconnu par 134 pays qui se répartissent entre les pays arabes, les pays de l’ancien pacte de Varsovie et de l’Afrique, de L’Amérique Latine ou de l’Asie. L’idée a pris un envol significatif lorsque le Parlement britannique avait voté une résolution non contraignante invitant le gouvernement de David Cameron à reconnaître l’Etat Palestinien…La Grande Bretagne, puissance historique au Proche Orient, a émis un grand signal qui a été perçu comme une accélération.

L’affaire a pris un sérieux tournant avec la décision de la Suède de procéder à une reconnaissance totale. Elle devient une grande affaire diplomatique depuis le moment où elle s’est imposé au débat français à travers une proposition des écologistes au Sénat alors que le parlement espagnole s’apprête dans la foulée à discuter de cette question et éventuellement à suivre le ce mouvement international.

En France le débat sur la reconnaissance de l’Etat palestinien est avant tout une question d’opportunité politique. Paris est convaincu qu’elle ne peut échapper à ce test politique de la reconnaissance. Le ministère des Affaire étrangères a récemment redit l’approche française. Si les négociations de paix n’aboutissent pas, affirme la diplomatie française, Paris prendra ses responsabilités : " Il y aura "à un moment – c’est une évidence – reconnaissance de l’Etat palestinien par la France (…) La question, c’est quand et comment ? Car il faut que cette reconnaissance soit utile aux efforts pour sortir de l’impasse et contribuer à un règlement définitif du conflit".

Même si ceux qui militent pour la reconnaissance d’un État palestinien dans les conditions actuelles préfèrent que cela intervient dans le cadre européen plus tôt que de manière unilatéral. La démarche aura, selon eux, plus de force et d’impact. D’ailleurs c’est dans le cadre européen que se déroulent actuellement les grandes manœuvres sur cette question.

A ce sujet, de passage à Gaza, la nouvelle chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini qui a avait plaidé pour un État palestinien ayant pour capitale Jérusalem -Est, a promis qu’elle allait discuter avec chacun des membres de l’Union Européenne de la possibilité de reconnaître un État palestinien indépendant. Le débat sur le plan européen est lancé et il risque de provoquer des polémiques et des césures. Ce débat dans le cadre européen promet de vives étincelles. L’Union Européen qui avait pris l’habitude de financer les dégâts des guerres israéliennes contre Gaza, haussent régulièrement le ton contre Israël au point de menacer de recourir à l’arme de la sanction. D’ailleurs, il y a de fortes chances que la reconnaissance de l’Etat Palestinien soit utilisée par certains comme une arme de pression supplémentaire dans ce bras de fer politique entre Israël et l’Union Européenne.

Les divergences entre ceux qui estiment que le temps est venu de reconnaître l’Etat palestinien et ceux qui s’y opposent reposent sur l’opportunité d’impliquer les deux partenaires, palestiniens et israéliens, dans tout processus politique. A titre d’exemple, ceux qui militent pour cette reconnaissance estime qu’il s’agit là d’une arme diplomatique destinée à exercer une pression supplémentaire à l’égard d’Israël pour l’obliger à négocier sérieusement un processus de paix avec les Palestiniens. Par contre ceux qui s’y opposent estime que le dommage collatéral est de cabrer d’avantage la partie israélienne et la contraindre à plus de rigidité.

Dans tous les cas de figure, les Palestiniens applaudissent cette vague de reconnaissance qui s’annonce, sentant qu’elle les conforte dans leurs droits historiques. Les Israéliens se mobilisent pour en limiter l’impact, refusant qu’on leur torde le bras. La bataille de la reconnaissance de l’Etat palestinien est donc lancée…chacun va compter ses forces, ses alliés. Israël compte beaucoup sur l’éternel veto américain pour bloquer les grandes initiatives susceptibles de lui imposer des stratégies. Les Palestiniens peuvent compter de leur côté sur la compréhension grandissante des Européens qui voient dans cette reconnaissance un mécanisme politique pour influencer le cours des événements et donner un coup d’accélérateur à un état de négociations désespérément statiques.

La nouvelle réalité politique qu’impose une reconnaissance croissante de l’Etat palestinien ne manquera pas d’obliger les plus fidèles alliés d’Israël à revoir leurs stratégies et revoir sans doute le soubassement de leur indéfectible soutien.

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