La baisse de l’euro dope le tourisme

Le top départ des vacances sera donné le week-end prochain. L’Europe s’attend à un afflux d’Américains, de Brésiliens et de Chinois.

L’effet euro redonne du souffle au tourisme du Vieux Continent après deux années calamiteuses. Les pros du secteur espèrent accueillir Brésiliens, Chinois et Indiens attirés par des prix attrayants. La Coupe du monde de football fait bouger Mexicains et Argentins. Quitte à traverser l’Atlantique pour gagner l’Afrique du Sud, ils pourraient faire un crochet par l’Europe avant de rentrer au bercail. La centrale mondiale hotels.com (120.000 établissements) observe une augmentation des réservations à Malaga et à Ibiza, en Espagne, à Rome et à Venise, en Italie, et à Paris.

"Le secteur touristique devrait gagner 2,4 milliards d’euros de plus"

"La saison estivale s’annonce très bien, confirme Didier Le Calvez, patron du Bristol, le cinq-étoiles situé à deux pas des Champs-Elysées. 90% des chambres sont bookées pour juin et juillet. Paris et plus largement l’Europe sont une valeur refuge par rapport à la Thaïlande, par exemple. Le séjour est garanti sans risque." "Rien qu’en France le secteur touristique devrait gagner 2,4 milliards d’euros de plus qu’en 2010", estime Pascal de Lima, économiste chez Altran, qui prend en compte une dévaluation "raisonnable" de l’euro de 7% sur un an et la fréquentation des visiteurs américains, chinois, brésiliens et argentins.

Dans la capitale, les commerçants sont à la manœuvre. Le Printemps Haussmann accueille actuellement des bus entiers de Chinois et de Coréens. "Les Asiatiques recherchent avant tout la haute joaillerie et les accessoires. Leur panier moyen atteint 1.000 euros. C’est très honorable même si la clientèle du Golfe, elle, dépasse les 7.000 euros d’achats par personne", assure Pierre Pelarrey, directeur général du magasin. L’enseigne vient de recruter une Chinoise d’origine française comme personal shopper. Polyglotte, la jeune femme rejoint une escouade de quinze pros du style qui guideront les touristes dans leurs choix pendant tout l’été.

La 5e étoile, carte maîtresse

Même démarche à La Vallée Village, immense centre de 90 boutiques situé près de Disneyland Paris (Seine-et-Marne) qui propose du prêt-à-porter de luxe à prix sacrifiés. Les touristes peuvent réserver leur personal shopper sur Internet avant leur arrivée. De plus en plus de tour-opérateurs étrangers incluent La Vallée Village dans leur circuit au départ de la capitale. En mai 2010, la fréquentation a augmenté de 78% par rapport à celle de mai 2009. Des marques prestigieuses comme Céline, Baccarat et Chantal Thomass deviennent accessibles.

Reste que les pays européens se livrent une rude concurrence. Madrid, qui récolte 39 milliards d’euros de recette touristique, a doublé la France il y a une dizaine d’années. Les Britanniques comme les Allemands privilégient de plus en plus la péninsule Ibérique et l’Italie. "Il faut redoubler d’efforts sur les prix et la qualité", martèle Christian Mantei, directeur général d’Atout France. Profiter de la baisse de l’euro pour donner un coup de pouce aux bénéfices serait contre-productif.

Jeudi, Atout France a dévoilé une stratégie offensive pour dépasser l’Espagne: concentrer les efforts promotionnels sur les seniors et les classes moyennes venues des Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine). Les points d’amélioration sont connus. Selon un sondage TNS Sofres réalisé début juin, la France porte le bonnet d’âne en matière d’accueil, de signalisation et de tourisme "vert."

Pas de quoi décourager Michel Tschann, président du syndicat des hôteliers de Nice qui vit depuis des années en concurrence avec Barcelone, en Espagne, Portofino, en Italie, ou encore Dubrovnik, en Croatie: "Pour la première fois, la région aligne huit établissements classés cinq étoiles. Cette catégorie qui n’existait pas en France est très appréciée hors de nos frontières." Palmiers, sable doré et bikini… que le meilleur gagne!

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