La Turquie en première ligne face à la crise syrienne

Le gouvernement islamo-conservateur turc monte en première ligne pour tenter de faire fléchir le régime syrien, son allié d’hier, ouvrant grand la porte à l’opposition et s’associant étroitement aux décisions arabes.

Pour la deuxième fois en moins d’un mois, le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu a reçu dimanche des représentants du Conseil national syrien (CNS), qui rassemble une bonne partie de l’opposition, et qui a été formé au fil de plusieurs réunions sur le sol turc.

Le CNS a demandé au chef de la diplomatie turque d’autoriser une représentation permanente de leur organisation en Turquie, a indiqué lundi une source diplomatique, précisant qu’aucune décision n’a été prise pour l’instant.

Depuis le début des violences qui ont déjà fait, selon l’ONU, plus de 3.500 morts depuis la mi-mars en Syrie, la Turquie va crescendo dans ses condamnations du régime du président Bachar al-Assad, jadis important allié politique et économique.

"Ceux qui ne sont pas en paix au Moyen-Orient avec leur peuple et ne peuvent les satisfaire partiront", a lancé lundi M. Davutoglu devant une commission parlementaire, visant la Syrie.

Dimanche, la Turquie a exhorté la communauté internationale à une action commune face à la situation en Syrie.

"Il est nécessaire que la communauté internationale réagisse d’une même voix concernant les graves développements en Syrie", a déclaré le ministère des Affaires étrangères.

Un appel, a expliqué à l’AFP une source gouvernementale, qui signifie: "Nous ne sommes plus avec vous, et nous participons aux efforts de la communauté internationale qui visent à vous isoler".

La Turquie a par ailleurs rapatrié les familles de ses diplomates en Syrie, ainsi que les personnels non essentiels de ses missions, après des manifestations violentes samedi contre son ambassade à Damas et plusieurs consulats turcs.

Elle a convoqué dimanche le chargé d’affaires syrien, plus haut diplomate de ce pays actuellement à Ankara, pour protester contre ces violences.

La position du gouvernement islamo-conservateur turc à l’égard de la Syrie est dans le droit fil des demandes occidentales concernant ce pays, et de celles de la Ligue arabe.

Dans son communiqué dimanche, la diplomatie turque a ainsi salué la décision de la Ligue arabe de suspendre la participation de la Syrie, jusqu’à ce qu’elle honore son engagement d’appliquer un plan arabe de sortie de crise prévoyant la fin des violences.

"Le gouvernement syrien devrait tirer la leçon du message de la Ligue arabe et cesser de commettre des violences contre son peuple", a précisé le ministère.

M. Davutoglu, les ministres des affaires étrangères arabes et le chef de la Ligue arabe doivent se retrouver mercredi à Rabat pour participer à un Forum de coopération arabo-turque, où la Turquie mettra la question syrienne sur la table, selon une source diplomatique.

En marge de ce forum turco-arabe se tiendra une réunion de la Ligue arabe sur la Syrie, à laquelle le ministre turc n’assistera pas.

La Turquie n’est pas membre de la Ligue arabe, ce qui ne l’empêche pas de tenter de peser de tout son poids sur la région.

Au Caire le 13 septembre, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait lancé, devant le siège de la Ligue arabe, un appel pressant à la reconnaissance d’un Etat palestinien.

Lors d’une tournée triomphale dans plusieurs pays du Printemps arabe, il avait vanté le modèle politique turc, mariage réussi selon lui de l’islam et de la démocratie.

En Tunisie, il avait étonné les commentateurs en dépassant ce slogan habituel de compatibilité entre religion et démocratie.

La Turquie, avait-il dit, préconise un état laïque qui se tient "à égale distance de tous les groupes religieux, dont l’islam, les chrétiens, les juifs et les athées".

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