La Tunisie….en route vers la présidentielle

A peine les lumières des législatives éteintes consacrant la victoire de Nidae Tounes que la Tunisie prend le chemin de la présidentielle. Dans cette course à doter la Tunisie d’un troisième président depuis son Indépendance, le pays n’a connu que Habib Bourguiba, présenté comme le père de l’indépendance et inspirateur de la Tunisie moderne et Zine El Abidinne Ben Ali, il n’y a pas de risque d’avoir un président islamiste. Pour la simple raison que le parti d’Annahda n’a pas présenté de candidat. La raison invoquée: l’allergie d’Ennahda à ce que le président de la république soit élu au suffrage universel.

Par Mustapha Tossa

Dans cette course deux figures se distinguent dans la liste des 27 candidats. Le premier est le président actuel Mouncef Al Marzouki, candidat à sa propre succession. L’homme veut se prévaloir de son bilan. C’est lui, entre autres, qui a veillé à ce que la Tunisie puisse traverser presque sereinement cette douloureuse transition entre un régime policier doublé d’une grande prédation économique et des Institutions démocratiquement élue. Ses détracteurs lui reprochent par contre son style et ses postures qui ont dévalorisé la fonction présidentielle. Mouncef Al Marzouki pourra aussi payer le prix d’une volonté tunisienne de vouloir absolument changer. La nouvelle séquence tunisienne, sous le label de nouvelles institutions,

Le second personnage qui attire les lumières présidentielles est le vieux Beji Caïd Essebsi. 88 printemps et toujours l’œil perspicace et le verbe politique accrocheur. L’homme, patron de Nidae Tounes, la formation qui vient de remporter les législatives, est crédité d’être cet homme rempart contre la victoire des islamistes en Tunisie. Sauf que, déjà ministre de l’intérieur, de La Défense et des Affaires étrangères sous Habib Bourguiba, président du parlement sous Ben Ali, Beji Caïd Essebsi ne renouvelle pas la politique en Tunisie. D’autant plus qu’à partir du moment où son parti Nadae Tounes a ouvert ses portes à des personnalités de l’ancien régime, Il est sous l’accusation de vouloir ressusciter le passé avec ses démons autoritaristes. Face à ce phénomène qui inquiètent beaucoup de Tunisiens, Beji Caïd Essebssi propose cette justification :" Ils restent des citoyens qui étaient membres de ce parti, ces citoyens-là ont le droit de participer à la vie politique de notre pays autrement c’est comme si on leur aurait enlevé leur nationalité et personne ne peut le faire sauf la justice".

Le favori Beji Caïd Essebsi a aussi une explication pour démonter les arguments des ses détracteurs sur son âge. Il le dit avec une certaine malice qui laisse pantois : "J’ai l’âge que j’ai. Généralement on dit qu’on a l’âge de ses artères, mais en réalité je veux confirmer que la jeunesse n’est pas un état civil mais un état d’esprit". Et malgré son âge l’homme a une ambition qui peut paraître démesurée pour certains : "je suis porteur d’un projet qui est de ramener la Tunisie à un Etat du 21e siècle"

Il est vrai que le prochaine président de la république tunisien n’aura pas beaucoup de pouvoirs. L’essentiel sera concentré entre les mains du Premier ministre mais la bataille pour décrocher ce poste sera rude et fera l’objet de sourdes négociations. Les thématiques à développer dans cette campagne seront davantage centrées sur la consolidation de l’Etat de droit et la restauration de la fonction présidentielle. Sur ce terrain là, Ennahda et son patron Rached Ghannouchi auront leur mot à dire.

Cette présidentielle tunisienne sera largement suivie aussi bien par les capitales arabes qu’occidentaux. Non pas par ce que les tunisiens, pour la première fois, vont choisir leur président de la république, mais aussi parce que la Tunisie, pays initiateur du printemps arabe, est en train de finaliser son édifice démocratique et politique. La symbolique d’un tel scrutin a aussi une grande importance sur le plan arabe. Faut-il rappeler que cette présidentielle tunisienne au suffrage universel est la seconde expérience dans l’histoire politique du monde arabe. La première avait vu l’élection du président égyptien islamiste Mohammed Morsi qui, ironie du sort, est en train de croupir en prison.

Qu’elle soit législative ou présidentielle, l’expérience tunisienne est en train de s’imposer comme une vraie référence dans l’espace arabe. Son déroulement, surtout en cas de réussite totale, sans dérapages sécuritaires ni micmacs politiciens, aura un grand impact sur les expériences électorales arabes à venir. Sa réussite jouera comme un effet de loupe grossissant les défauts des uns et les manquements des autres. Son échec fonctionnera comme un effet dissuasif et repoussoir de toutes les tentations démocratiques,

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