La République en marche se réunit en convention pour réfléchir à son avenir

La République en marche (LREM) se réunit en convention samedi à Paris pour réfléchir à son avenir après ses succès électoraux, dans un contexte national d’attentisme vigilant sur les intentions de l’exécutif en matière économique et sociale. A l’orée de la pause estivale, qui n’empêchera pas l’Assemblée nationale de se réunir en session extraordinaire jusque début août pour lancer les premiers textes, le camp présidentiel réunit porte de La Villette quelque 3.000 délégués, militants, députés et membres du gouvernement.

"Il y a un besoin de se retrouver, d’avoir ce temps d’échange pour savoir comment passer d’un mouvement qui a porté Emmanuel Macron à la présidence à une entité dotée d’une majorité parlementaire", a expliqué à Reuters une porte-parole, Aurore Bergé. "Comment fait-on pour rester une machine à innover, pas seulement une machine électorale ?"

LREM, qui souhaite rester un mouvement où l’adhésion est gratuite plutôt que se transformer en parti, se structurera à l’automne sur la base de statuts qui feront l’objet d’une consultation électronique de ses adhérents en juillet.

D’ici là, une gouvernance collégiale sera installée à la tête de l’entité riche de 373.000 adhérents revendiqués, dont 100.000 nouveaux depuis l’entrée d’Emmanuel Macron à l’Elysée. LREM touchera en juin 2018 les quelque 20 millions d’euros d’argent public liés à ses victoires électorales du printemps. DISCOURS DE PHILIPPE, CHEF DE LA MAJORITÉ

Quatre jours après son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, où les 308 députés LREM et leurs alliés l’ont copieusement applaudi, le Premier ministre Edouard Philippe prendra la parole porte de La Villette.

L’occasion, pour le chef de la majorité, d’encourager les troupes en prévision des batailles à venir sur des projets déjà contestés comme la réforme du Code du travail et la hausse générale de la Contribution sociale généralisée.

"Nous voulons un travail efficace entre le parti, le groupe parlementaire et le gouvernement pour mettre en oeuvre le projet validé par les électeurs", dit Aurore Bergé.

Porté par une majorité à l’Assemblée et une opinion bienveillante à son égard aux dires des sondages, l’exécutif pourrait rapidement affronter ses premiers obstacles.

"La France n’est pas un pays qui se réforme", a prévenu Emmanuel Macron lundi devant le Congrès de Versailles.

Selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et le Figaro diffusé vendredi, 58% des Français désapprouvent le discours de politique générale, une proportion qui monte à 71% chez les sympathisants de gauche.

Dans le détail, près des deux tiers (64%) des sondés s’opposent à la hausse de CSG. Qu’ils soient cadres, ouvriers, financièrement aisés ou non, tous les salariés, pourtant bénéficiaires de la mesure, la rejettent.

Pédagogie et doigté seront aussi indispensables sur la réforme du Code du travail, objet d’une fronde de La France insoumise, qui organise une journée d’action le 12 juillet.

Selon un sondage Viavoice pour Libération du 29 juin, les Français sont partagés sur cette réforme-clé, dont seulement les deux tiers ont "vaguement" entendu parler. Le plafonnement des indemnités prud’homales, rejeté par une majorité de 52% dans ce même sondage, semble la mesure la plus controversée. "AUCUNE TENTATION HÉGÉMONIQUE"

Après avoir conquis l’Assemblée, LREM a des visées sur le Sénat, qui se renouvelle pour moitié fin septembre. Une commission d’investiture a été mise en place à cette fin.

Ce vote pourrait conforter l’hégémonie de la formation présidentielle, amplifié par la faiblesse de partis traditionnels en plein doute, du Parti socialiste aux Républicains en passant par le Front national. et

"Ce pouvoir a une illusion de force, voire de surpuissance, grâce aux institutions de la Ve République mais en réalité il est très faible", dit une députée socialiste.

Le pouvoir sans partage de LREM est aussi symbolisé par l’attribution à LREM et à ses alliés de la quasi-totalité des postes à responsabilités au Palais-Bourbon, en rupture avec les traditions en vigueur.

Selon des parlementaires, Emmanuel Macron a fait part de son ire à ses troupes à ce sujet, ce que dément une source à LREM, selon laquelle "le président a voulu cette situation".

Un épisode "regrettable", déplore dans Le Monde le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy. "Je souhaite que les groupes d’opposition soient respectés dans leurs droits et dans leur poids électoral et numérique".

Aurore Bergé ne voit, elle, "aucune tentation hégémonique" de la part d’un parti au service de Français qui "ne nous parlent pas des vice-présidences de l’Assemblée mais qui veulent que ça aille vite, que l’on puisse travailler".

Dans un pays où les extrêmes restent forts et où l’abstention bat des records, Emmanuel Macron peut s’appuyer, du moins pour l’instant, sur sa bonne image pour engager des réformes douloureuses. Selon une enquête Odoxa-Dentsu Consulting publiée la semaine dernière, les trois quarts des Français approuvent sa stratégie de communication.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite