La Libye, le pays aux trois gouvernements

Le chef du gouvernement libyen d’union nationale soutenu par l’ONU est arrivé à Tripoli, où la communauté internationale souhaite qu’il prenne rapidement les rênes d’un pays plongé dans le chaos depuis la fin du règne de Mouammar Kadhafi en 2011.

Ce gouvernement dirigé par Fayez al-Sarraj se heurte toutefois à l’hostilité affichée des deux autorités qui se disputent le pouvoir en Libye, l’une depuis la capitale et l’autre depuis l’est du pays. Les autorités de Tripoli le considèrent comme "illégal".

– Le "gouvernement d’union nationale"

Il dispose du soutien de la communauté internationale, qui s’inquiète des conséquences de l’écroulement des structures étatiques, notamment l’utilisation des côtes libyennes par des milliers de migrants comme point de départ vers l’Europe et la montée du groupe jihadiste Etat islamique (EI), apparu en 2014 et qui contrôle déjà une grande ville, Syrte.

Présidé par l’homme d’affaires et député tripolitain Fayez el-Sarraj, qui ne résidait pas en Libye jusque-là, le gouvernement d’union nationale est issu d’un accord politique parrainé par l’ONU signé en décembre au Maroc.

Cet accord prévoyait qu’il soit intronisé par un vote du Parlement élu et reconnu par la communauté internationale, qui siège à Tobrouk.

Ce vote de confiance n’a jamais eu lieu mais l’entrée en fonction d’un gouvernement d’union a quand même été proclamée le 12 mars, depuis l’étranger, sur la base d’un communiqué de soutien d’une centaine de parlementaires de Tobrouk (sur 198).

L’arrivée de M. Sarraj dans la capitale a été saluée par l’ONU, les Etats-Unis et l’Union européenne alors que l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler, a appelé à un transfert de pouvoir "pacifique".

– Le "gouvernement de salut national" à Tripoli

Installé depuis septembre 2014 à Tripoli, ce gouvernement "gère" la capitale et la plupart des régions de l’ouest avec l’appui de Fajr Libya, une coalition de milices dont certaines islamistes.

Ce gouvernement ne jouit d’aucune reconnaissance internationale étant donné qu’il découle d’un Parlement -le Congrès général national (CNG)- dont le mandat a expiré en février 2014 mais qu’il a lui même prolongé.

Soutenu par des groupes armés, il rejette l’accord politique parrainé par l’ONU et le gouvernement d’union nationale qui en est issu.

Parlant de M. Sarraj, son chef Khalifa al-Ghweil a prévenu mercredi que "ceux qui sont entrés illégalement et clandestinement devaient se rendre ou revenir sur leurs pas".

Le fait que Fayez al-Sarraj a été accueilli à sa descente de bateau par des responsables locaux, dont Aref el-Khoja, ministre de l’Intérieur du gouvernement de Tripoli, pourrait indiquer que les autorités de la capitale sont divisées à son sujet.

– Le "gouvernement provisoire" basé dans l’est

Ce gouvernement, qui a vu le jour en septembre 2014 après la prise de la capitale par Fajr Libya et l’installation du gouvernement de salut national à Tripoli, est issu du Parlement élu, lui aussi exilé dans l’est.

Présidé par Abdallah el-Theni, il siège à Baida et étend son contrôle sur la plupart des régions de l’est grâce à des forces qui lui sont loyales, notamment celles du controversé général Khalifa Haftar.

Le mandat de ce gouvernement dit "provisoire" était censé prendre fin avec un vote de confiance du Parlement de Tobrouk pour le gouvernement d’union nationale, qui n’a pas eu lieu.

Mi-mars, les autorités de l’est avaient averti que "la démarche de certaines parties internationales qui veulent imposer ce gouvernement d’union nationale" allait "compliquer davantage la crise" et "aggraver la division" en Libye.

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