L’opposition à Bachar al Assad se réorganise en Égypte

Le président syrien Bachar al Assad aura les yeux et les oreilles rivés ce 8 juin sur la capitale égyptienne. La raison: des opposants syriens, toutes tendances confondues, s’y sont donnés rendez vous pour lancer une nouvelle structure politique de l’opposition syrienne censée remplacer « la coalition de l’opposition syrienne  » jugée invisible et inefficace. Le mot d’ordre de cette nouvelle organisation a été résumé par un de ses animateurs, Haytham Manna. Il considère que ce nouveau regroupement sera « totalement différente de la Coalition de l’opposition .Il s’agira d’une réunion syro-syrienne à 100%, financée par nous-mêmes, téléguidée par personne avec un ordre du jour purement syrien ».

Par Mustapha Tossa

A elle seule, cette petite phrase pointe la situation des opposants syriens à Bachar al Assad. Ballotés entres différentes capitales dont les plus actives et les plus engagées sont Istanbul, Doha et Ryad, subissant l’influence d’agendas contradictoires et de visées antagonistes, l’opposition syrienne a échoué à formuler un programme politique homogène et à s’imposer comme une alternative crédible au régime de Bachar. Cette opposition souffrait de deux handicaps majeurs. Le premier est qu’elle est accusée par le régime syrien de ne pas avoir de prolongements et de racines au sein de la société syrienne et donc d’être une pièce rapportée de l’extérieur pour servir un dessein particulier. Le second est que dans le brouhaha de la sanglante confrontation militaire, cette opposition qui pouvait se prévaloir d’avoir comme bras armé "l’Armee syrienne Libre", a été largement dépassée par les performances militaires de groupes radicaux comme Daesh ou Al Qaïda par le biais du Front Al Nusra.

La réunion du Caire est intéressante à suivre à double niveau. D’abord parce qu’elle met en scène l’intervention du président Abdelfatah al Sissi dans la question syrienne. Sissi, qui est fermement engagé dans la lutte contre la mouvance islamiste dans ses deux versants politique et militaire, avait dès le début de son mandat montré quelques bienveillances à l’égard de Bachar all Assad, contrairement au président déchu Mohammed Morsi qui avait accentué son isolement régional. Il se verrait bien dans le rôle de fabriquant de ponts entre Damas et son opposition. Quitte à provoquer des grincements de dents au Qatar et en Arabie Saoudite.

Ensuite parce que cette réunion intervient dans un contexte où, faute d’avoir choisi l’option militaire conte Le régime syrien, le mot d’ordre international est à la mise en œuvre d’une solution politique négociée qui aura le double objectif de préparer les conditions d’une sortie négociée de Bachar al Assad et de fermer ainsi les portes devant les possibles accessions au pouvoir de groupes radicaux comme Daech ou Al Nusra.

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