L’ombre de DSK plane sur le PS

Dans la salle de l’Oratoire, à La Rochelle, vendredi soir, on ne parle que de lui : Dominique Strauss-Kahn. En fin de journée, Pierre Moscovici, la mine éclatante, chemise blanche et lunettes rectangulaires, s’adresse aux militants du courant réformiste "Besoin 2 Gauche" et dit : "Si Dominique Strauss-Kahn veut être candidat aux primaires, nous le soutiendrons. (…) Il est aujourd’hui le président que les Français souhaitent, à gauche et au-delà." Le patron du FMI est le grand absent de l’université d’été du PS ce week-end, mais impossible, pour de nombreux socialistes, de l’oublier.

"Les sondages sont mirifiques. Est-ce que ça veut dire que la messe est dite ? Je vous inviterai à une prudence salutaire", prévient tout de même le député du Doubs, qui appelle à "éviter une forme d’excès de confiance ou d’euphorie prématurée"… ce qui ne l’empêche pas d’ajouter : "Dominique est social-démocrate, on a besoin d’une présidence qui puisse rassurer, rassembler. La sensibilité que nous portons doit être présente aux primaires, c’est la seule capable de l’emporter !"

"Personne n’est habilité à parler pour Dominique" (Moscovici)

Sacrée conviction… Certes, Pierre Moscovici se propose pour être candidat si le patron ne revenait pas. Mais, déjà, les cadres socialistes se succèdent pour prévenir que le représentant du PS en 2012 ne doit être que DSK ou Martine Aubry. Un poids lourd capable d’encaisser les coups durs d’une présidentielle, et surtout d’apparaître comme une alternative crédible à Nicolas Sarkozy.

Mais le patron du FMI en a-t-il envie ? Le calendrier le lui permet-il ? Son mandat à Washington s’achève officiellement en 2012. Difficile de dire s’il quittera son poste prématurément pour se lancer dans la course à l’Élysée. "Si cela ne l’intéressait pas, il l’aurait dit !" estime Pierre Moscovici, qui affirme, dans le même temps : "Personne ne peut s’autoriser à parler en son nom." Pourtant l’entourent des partisans d’une candidature DSK : les députés Marisol Touraine et François Pupponi et le sénateur François Patriat. Le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb, opposant interne à Martine Aubry, n’hésite pas non plus à faire connaître sa préférence pour le grand absent de La Rochelle.

"Les seuls qui lèvent la tête, ce sont les papys du Sénat !"

Ces multiples déclarations font sourire du côté de la direction, où l’on distingue les strauss-kahniens purs et durs, qui s’activent dans l’ombre pour qu’un éventuel retour se fasse dans les meilleures conditions, et les participants à la réunion de l’Oratoire. "Les vrais proches de DSK n’ont pas intérêt à faire monter la sauce ! Ils savent que cela ne lui rend pas service. Les seuls qui lèvent la tête, ce sont les papys du Sénat ! Les autres n’ont pas besoin de se faire remarquer", lâche un éminent dirigeant. Jean-Christophe Cambadélis, Christophe Borgel ou encore François Kalfon, tous membres de la direction et proches de DSK, se font, en effet, peu entendre…

Le reste du PS est aussi suspendu à la décision de Dominique Strauss-Kahn. Ségolène Royal raconte avoir essayé de le joindre à plusieurs reprises, sans succès pour l’instant… "Mais c’est bien normal", dit-elle. Martine Aubry doit le rencontrer d’ici peu pour évoquer leur accord en vue de la primaire. "Aubry et Strauss-Kahn ne seront pas candidats l’un contre l’autre", confirme un proche de la première secrétaire. Manuel Valls, seul candidat officiel à la primaire, martèle l’importance de ne pas crier victoire trop vite, évoquant même une possible défaite en interne de DSK, car "rien n’est joué à l’avance". Quant à François Hollande, dont les ambitions sont pourtant connues, il se refuse à faire de déclaration de candidature officielle tant le flou règne autour de la décision de DSK. Ce qui fait dire à Pierre Moscovici : "Croyez-vous que Manuel Valls ou François Hollande iront à la primaire si DSK y va ?" Et de lâcher : "Tout le parti est bloqué par le silence d’un homme."

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