L’islam radical inquiète Benoît XVI (Le Figaro)

Il y a un mois, l’islam radical inquiétait à Rome, mais sur le papier. Il avait fait l’objet de multiples débats et déclarations, pendant les quinze jours du synode sur le Proche-Orient. Cette réunion des évêques et experts de dix pays de cette région du monde avait été volontairement convoquée par Benoît XVI pour tenter de protéger les chrétiens de Terre Sainte contre la montée de l’intolérance islamiste extrémiste. Et leur ménager un avenir.

Mais cette inquiétude a tourné à la confrontation depuis les attentats de Bagdad en Irak le 31 octobre, qui ont visé, deux semaines après la clôture du synode -dimanche pour dimanche- la cathédrale syriaque catholique de Bagdad, faisant 53 morts. Sans parler, la semaine dernière, d’attaques au mortier et à la bombe, contre des maisons et des commerces de la même ville, appartenant à des catholiques. Bilan: 33 blessés et six morts. Le tout revendiqué par la branche irakienne d’al-Qaida qui considère les chrétiens comme des «cibles légitimes».

Le Vatican qui a déjà condamné, par la voix de Benoît XVI, ces «attaques barbares» ne veut pas tomber dans le piège de la surenchère mais après ce traumatisme, la question de l’islam radical a pris une tournure réaliste qu’elle n’avait pas, il y a encore peu, au Saint-Siège. Il n’est, dès lors, pas étonnant que le Pape ait placé cette question en priorité, parmi quatre autres dossiers à l’ordre du jour de la réunion exceptionnelle des cardinaux qu’il convoque ce vendredi matin à Rome, avant de créer, ce samedi, par «consistoire» vingt-quatre nouveaux cardinaux. Et qu’il ait confié l’analyse de cette question, à son bras droit, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État.

Diplomatie oblige

Bien sûr, diplomatie oblige, le thème de cet atelier s’intitule «La liberté religieuse». Mais à regarder de près, ce problème de liberté religieuse ne se pose plus drastiquement dans les pays qui s’inspirent encore du communisme, la Chine ou le Vietnam. Il y a des difficultés mais elles sont surtout liées à l’étonnant dynamisme des communautés catholiques qui se heurtent aux scléroses du contrôle bureaucratique. Cuba vient même d’ouvrir officiellement un séminaire! Quant aux attaques antichrétiennes en Inde, elles sont liées à des questions de nationalisme politique.

Mais cela n’a rien à voir avec «le climat de peur» dont les chrétiens du Proche-Orient se plaignent et qu’ils assurent voir s’accentuer devant «la montée de l’intolérance de l’islam radical» comme entendu lors du récent synode. Une intolérance structurelle, juridique, fondée sur une application de plus en plus stricte de la loi islamique qui entend brimer la vie des chrétiens, interdire la construction d’églises, menacer de mort la conversion d’un musulman au christianisme.

Enfin, on a très mal vécu, à Rome, l’assassinat au poignard par son chauffeur -qui a expliqué son geste par une «révélation»- de Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique pour le sud de la Turquie. C’était le 3 juin dernier, la veille du voyage de Benoît XVI à Chypre. Là, le Pape venait remettre symboliquement aux Églises de Terre Sainte, le «document préparatoire» du synode du Proche-Orient. Mgr Luigi Padovese, Italien, y avait notoirement travaillé.

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