L’islam est une menace selon 45 % des catholiques pratiquants français

Un sondage Ifop démontre que la crainte monte au sein de la communauté catholique depuis l’agression du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Une analyse Ifop publiée samedi par Le Monde démontre que la méfiance monte au sein de la communauté catholique depuis l’attentat qui a visé le père Hamel au mois de juillet. Si en février 2015, au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, le rapport à l’islam était à peu près semblable dans l’ensemble de l’opinion publique et chez les catholiques pratiquants, le décrochage est très net en juillet 2016, révèle notamment un sondage Ifop pour Atlantico réalisé après l’attaque du 26 juillet.

En février 2015 ainsi, 62 % des Français et 64 % des catholiques pratiquants se disaient d’accord avec l’affirmation selon laquelle « il ne faut pas faire d’amalgame, les musulmans vivent paisiblement en France et seuls les islamistes radicaux présentent une menace ».

Changement de ton un an et demi plus tard : si l’opinion a peu changé dans l’ensemble des Français (63 % refusent toujours l’amalgame), seule une petite moitié des catholiques pratiquants (49 %) sont toujours d’accord avec ce principe, selon ce sondage réalisé par Internet du 27 au 29 juillet auprès d’un échantillon représentatif de 1 012 personnes.

Un « choc » pour les catholiques

L’approbation de l’affirmation suivant laquelle « l’islam représente une menace » est ainsi restée stable chez l’ensemble des Français (33 % en juillet 2016 contre 32 % en février 2015), mais elle a bondi à 45 % chez les catholiques pratiquants à l’été 2016, contre 33 % un an et demi plus tôt.

« Le meurtre du père Jacques Hamel dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray a constitué un véritable choc dans la population, et a fortiori chez les catholiques », souligne l’Ifop dans une analyse plus large sur « le rapport des catholiques à l’islam de France ». Mais « on voyait le climat se tendre du côté des catholiques pratiquants depuis un certain temps déjà », a expliqué Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop qui sonde régulièrement l’opinion sur la question.

L’institut a ainsi pu mesurer le « raidissement » de l’opinion vis-à-vis de l’islam ces dernières années, « encore plus prononcé parmi les catholiques pratiquants que dans l’ensemble de la population ».

Le voile et les signes distinctifs dérangent

Entre octobre 2012 et avril 2016, la proportion de Français d’accord avec l’affirmation selon laquelle « l’influence et la visibilité de l’islam en France sont aujourd’hui trop importantes » est passée de 60 à 63 % chez l’ensemble des Français, mais de 60 à 71 % chez les catholiques pratiquants. Même phénomène sur le port du voile, qui suscite une hostilité stable dans l’ensemble de l’opinion, à 63 %, mais en forte hausse chez les catholiques puisqu’elle est passée de 54 % en octobre 2012 à 67 % en avril 2016.

Cette crispation vis-à-vis de l’islam mais aussi l"’inquiétude face à la menace terroriste » sont « à l’origine du trouble profond qu’a créé la crise des migrants parmi les catholiques français », ajoute l’Ifop. L’adhésion à l’accueil des migrants a ainsi chuté de 48 % en septembre 2015 à 38 % en mars 2016 chez les catholiques pratiquants (et de 46 % à 42 % dans l’ensemble de la population).

« Pour contrer cette nette tendance baissière, il fallut le déplacement du pape à Lesbos » en avril 2016, note l’Ifop, à la suite duquel l’adhésion à l’accueil a progressé de quatre points dans l’ensemble de la population, mais de 16 points chez les catholiques pratiquants (de 38 à 54 %).

(Avec AFP)

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