L’intrigante Carla Bruni-Sarkozy (LE MONDE)

Besma Lahouri récidive. Après avoir publié, en 2006, une enquête sur le footballeur Zinedine Zidane, la journaliste publie Carla, une vie secrète, chez Flammarion, une biographie non autorisée de Carla Bruni-Sarkozy. Pour réaliser ce livre, qui sort au même moment qu’un autre ouvrage, Carla et les ambitieux, publiée aux Editions du Moment, Besma Lahouri a interrogé des proches qui ont fréquenté ou côtoyé la première dame à un moment de leur vie et qui parlent en toute liberté.

•Le limogeage du patron de Paris Match
Au travers du portrait de la première dame de France, l’auteure aborde notamment les relations tumultuses de Nicolas Sarkozy avec les médias. Besma Lahouri rappelle ainsi qu’en août 2005, Paris Match publie une photo de Cécilia et Richard Attias, son nouveau compagnon. Elle raconte une nouvelle fois que Nicolas Sarkozy aurait alors demandé à son ami Arnaud Lagardère, propriétaire du journal, "le limogeage du directeur de la rédaction, Alain Genestar. Pascal Rostain [le photographe], lui, s’en est tiré avec un contrôle fiscal."

•Le Nouvel Observateur sur écoute ?
Autre épisode resté célèbre : celui du fameux SMS "Si tu reviens, j’annule tout" qu’aurait envoyé Nicolas Sarkozy à son ex-épouse une semaine avant son mariage avec Carla Bruni. Le texto est relayé en février 2008 sur le site du Nouvel Obs et déclenche une tempête de réactions, qui conduit Airy Routier, l’un des rédacteurs en chef et auteur de ce "scoop", à être entendu par la police. Il témoingne dans le livre de Besma Lahouri. Selon lui, "Le Nouvel Obs a été mis sur écoute ainsi que David Martinon, le porte-parole de l’Elysée de l’époque, considéré comme étant ma source. Martinon a nié m’avoir parlé au téléphone… Il a eu tort. Les écoutes ont prouvé qu’il a bien appelé le journal plus de quinze minutes (…) Un véritable tribunal a été mis en place par l’Elysée : on l’a cuisiné pendant des heures…" Proche de Cécilia Sarkozy et éphémère candidat aux municipales de 2008 à Neuilly-sur-Seine, David Martinon a finalement perdu son poste de porte-parole et a été nommé consul à Los Angeles.

Des consignes aux journaux "people" ?
Toujours selon l’ouvrage, Nicolas Sarkozy et sa nouvelle épouse finissent par prendre ombrage de leur présence dans la presse "people". Pour faire cesser la multiplication des "unes" consacrées à Carla et Cécilia, l’Elysée décide de mettre le frein médiatique. Selon Besma Lahouri, Fabrice Boé, patron groupe Prisma presse (Gala, Voici et VSD, entre autres) "est convoqué à l’Elysée". Il se voit signifier que ce genre de sujets en couverture est dorénavant malvenu. Pierre Charon, conseiller du président mène la danse : "L’ambiance était lourde. On a joué au méchant flic et au gentil flic." A la fin de l’entretien Fabrice Boé est "livide", selon l’ouvrage.

L’influence de Carla Bruni-Sarkozy
Besma Lahouri affirme également que la première dame de France jouit d’un certain pouvoir, y compris sur les nominations. Ainsi, après la publicité engendrée par l’affaire Polanski, où le ministre de la culture Frédéric Mitterrand a pris la défense du cinéaste menacé d’extradition pour une affaire de pédophilie, "le président aurait voulu le démettre de ses fonctions". "C’était compter sans la bonne fée Carla, qui a ‘usé de toute son influence pour le faire rester’", selon un témoin du ministère de la culture. Carla Bruni-Sarkozy serait aussi, affirme Besma Lahouri, à la base de la nomination, fin 2009 du parrain de son fils, François Baudot, au poste d’inspecteur général de l’administration des affaires culturelles (IGAC).

A contrario, plusieurs anciens ministres, cités dans le livre, ne portent pas la première dame en haute estime. Selon Christine Boutin, ancienne ministre du logement : "Carla Bruni est une vraie bobo de gauche, qui se moque éperdument de notre électorat." Quant à Rachida Dati, ancienne garde des sceaux et ancienne proche de Cécilia Attias, Carla Bruni voit en elle "une intrigante." "En 2008, faisant visiter les appartements privés de l’Elysée à Rachida Dati, elle lui aurait montré la chambre d’un signe de tête en susurrant : ‘Tu aurais aimé l’occuper, n’est-ce pas ?’", rapporte Besma Lahouri

•"Air Carla"
Autre victime collatérale de Carla Bruni-Sarkozy : Alain Joyandet, ancien secrétaire d’Etat chargé de la coopération. Epinglé pour avoir utilisé un avion privé afin de se rendre à Haïti, le secrétaire d’Etat aurait, selon le livre, été obligé de louer cet avion, qui a coûté 116 500 euros à l’Etat : aucun des sept appareils gouvernementaux n’était disponible. Notamment, précise Besma Lahouri, car "l’un des sept avions de l’Etat, le Falcon 7 x, baptisé avec humour par les aviateurs de l’armée de l’air, serait réservé en priorité à la première dame".

Eric Nunès

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