L' »impopulaire » intervention internationale contre la Syrie

Échaudées par le précédent irakien, désespérée par l’expérience libyenne, les opinions arabes et internationales sont divisées et méfiantes à la perspective d’une intervention contre la Syrie, fut-elle une expédition punitive conte Bachar al Assad à courte durée ou à petite échelle. La où les sondages sont possibles et crédibles, une large majorité rejette le principe de cette guerre. La grande hantise est de faire entrer le monde dans une séquence instable et incertaine.

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Plusieurs raisons expliquent cette hésitation internationale à épouser les thèses guerrières contre la Syrie. La première est que le grand mensonge d’État international des armes de destruction massive qui a avait justifié le démantèlement du régime de Saddam Hussein continue de susciter remords et regrets. D’autant que la situation irakienne d’aujourd’hui, guerre civile au quotidien avec une comptabilité de morts et d’attentats des plus élevés.

Malgré les nombreuses tentatives américaine et française, l’opinion n’arrive pas à se débarrasser de cet ultime doute pour donner son approbation. A titre d’exemple de nombreuses personnalités françaises ont fait part de leurs doutes sur la pertinence des preuves présentées par le Premier ministre Jean Marc Ayrault aux parlementaires. S’il faut ajouter à cette grande hésitation ce qu’est devenue la gouvernance libyenne post-khaddafi, insécurité institutionnalisée et instabilité chronique, une nouvelle guerre contre la Syrie est muette à l’applaudimètre international.

La seconde raison qui explique la méfiance des opinions est la grande peur qu’une telle guerre ne fonctionne comme un coup de pied dans un magasin de porcelaine, entraînant par une effet domino l’ensemble de la région dans une explosion généralisée qui impacterait la sécurité et l’économie mondiale. Cette lourde crainte est renforcée par les buts brouillants et indécis de cette guerre. S’agit-il d’une expédition punitive contre un régime qui a franchi toute les lignes rouges en matière d’utilisation d’armes chimiques contre sa population? Ou d’une volonté de changement de régime à l’irakienne ou à la libyenne? .

Les nombreuses déclarations françaises, notamment, François Hollande, et américaines affirmant que le but n’est pas de faire tomber Bachar al Assad, affaiblissent la mobilisation en faveur d’une telle intervention. Même si sur le plan stratégique, le but de ces futures attaques aériennes est de casser les structures militaires du régime syrien pour permettre à l’opposition de réaliser des avancées militaires sur le terrain et s’emparer du pouvoir à Damas.

Car cela nourrit la troisième raison qui prive cette intervention d’une adhésion populaire. Chasser Bachar EL Assad pour installer qui à sa place? Telle est l’interrogation qui court tous les cénacles du pouvoir en Europe. De nombreux éditorialistes ont pointé du doigt le fait que dans cette guerre contre la Syrie, Français et Américains ont de fortes chances d’avoir comme partenaires et alliés de guerre des groupes ayant juré fidélité à Al Qaïda. Cette même Al Qaïda contre laquelle les Américains ont dépensé des fortunes en hommes et en matériels à combattre en Afghanistan et que les français ont ciblé dans leur intervention réussie au Mali.

La preuve que même ces pays si enthousiastes à faire la guerre à Bachar al Assad comme la France et les USA ont des doutes sur la question, leur grande hésitation à armer convenablement l’opposition syrienne en est la preuve. La grande hantise, hélas toujours d’actualité, est que ces armes finissent aux mains d’Al Qaïda dont l’usage et les filières sont impossibles à contrôler par la suite.

Il est clair aujourd’hui qu’une des principales raisons qui dessert cette intervention internationale contre la Syrie est l’incapacité à imaginer et a créer une alternative à Bachar al Assad. L’opposition syrienne, assemblage de forces éparses aux intérêts et aux agendas contradictoires, n’a pas réussi susciter la confiance et l’adhésion. Elle est lourdement travaillée par des courants, notamment la célèbre Front Al Nosra. dont l’agenda est ouvertement d’installer un régime d’essence religieuse à Damas.
Pour toutes ces raisons, des opinions publiques arabes et occidentales montrent quelques réticences à soutenir cette action militaire contre la Syrie. Le refus du parlement britannique d’accorder au premier ministre David Cameron l’autorisation d’ y participer a boosté l’élan de cette opposition. La décision de Barak Obama de demander le feu vert du Congrès américain a renforcé la suspicion. L’hésitation de François Hollande à soumettre cette décision au vote du parlement Français va exciter les oppositions à cette intervention.

Cette opposition des opinions est un élément important avec lequel les pays qui s’inscriront dans cette guerre contre la Syrie devront composer surtout si le pire scénario d’une déstabilisation régionale et du chaos syrien se réalisent.

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