L’immigration, un (bon) filon pour Fillon pour relancer sa campagne

Le candidat de la droite perd de la vitesse dans les sondages. Il décide de mettre de l’eau dans son vin au sujet de la sécurité sociale.

François Fillon s’est efforcé mercredi de relancer sa campagne en faisant son mea culpa au sujet de son projet de réforme de la Sécu, attaqué de toute part, et en mettant l’accent sur ses propositions en matière d’immigration. Ni "bons", ni "clairs" sur la Sécu : une nouvelle fois, mercredi matin, François Fillon a tenté de clore l’empoisonnant procès instruit par ses adversaires coalisés contre son projet de réforme de l’assurance maladie.

Sur BFM TV-RMC, l’ancien Premier ministre a redit avoir été "mal compris" sur ses propositions, pour partie "retirées" de son site internet. Il a rappelé avoir "lancé un débat avec l’ensemble des responsables de la santé, les médecins", avec de nouvelles propositions "avant la fin du mois de janvier ou début février". "Il a annoncé qu’il faisait une conférence. On va voir. Mais ce qui avait été écrit était très clair, très clair : gros risques (pris en charge) et petits risques" non remboursés, et "ça ne changera pas", juge un membre du gouvernement.

Flottement dans les sondages

Le nouveau champion de la droite a aussi admis que des "réglages" étaient nécessaires au sein de ses équipes, bien en peine d’expliquer son programme "radical", ce qui a donné lieu à des dissonances. "La campagne Fillon ça va être je vais m’occuper des pauvres et de la pauvreté", tempère un pilier de la campagne de l’ex-Premier ministre.

François Fillon pâtit de ces flottements dans les sondages. Il perd 10 points dans le baromètre de confiance Kantar Sofres-OnePoint de janvier, à 31 % d’opinions favorables. Mais les enquêtes le qualifient toutefois toujours unanimement pour le second et le donnent net vainqueur de Marine Le

Pen avec environ 30 points d’avance. Outre ce mea culpa, François Fillon s’est aussi escrimé à éteindre des débuts d’incendie dans son propre camp : il a dit non à des députés de droite qui insistaient pour qu’il revienne sur la loi de 2014 renforçant les entraves au cumul des mandats.

François Fillon a également renvoyé mercredi matin dans les cordes Laurent Wauquiez, vice-président du parti, qui lui demandait, plutôt que "du sang et des larmes", le retour de la sarkozyste défiscalisation des heures supplémentaires.

Nouvelle incohérence

L’ancien Premier ministre a par ailleurs changé radicalement de ton au sujet de Bachar el-Assad, présenté en novembre comme le meilleur rempart contre le djihadisme pour les chrétiens d’Orient, et qualifié mercredi de "dictateur" et "manipulateur". Il s’en est en particulier pris aux médias français qui ont diffusé une interview du dirigeant syrien dans laquelle ce dernier jugeait "bienvenue" la position sur la Syrie du candidat de la droite.

"J’ai noté qu’après la proposition faite par Bachar el-Assad à François Fillon, François Fillon avait pris beaucoup de distance et a affirmé (…) qu’il considérait Bachar el-Assad comme un manipulateur et un dictateur, ce que n’ont cessé de rappeler le président de la République et les ministres des Affaires étrangères depuis le début de la crise syrienne", a commenté Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, lors du compte-rendu du conseil des Ministres.

"C’est une nouvelle incohérence", a dénoncé un ministre.

Il prône un contrôle drastique de l’immigration

Pour relancer une campagne qui connaît un faux plat depuis plusieurs semaines, François Fillon mise aussi sur le terrain, avec un déplacement mercredi après-midi dans les Alpes-Maritimes sur l’immigration et la sécurité. Dépôt de gerbe à Nice en hommage aux victimes de l’attentat du 14 juillet, déplacement au poste-frontière de Menton, réunion publique avec les deux ténors de la droite locale, Christian Estrosi (patron de la région) et Éric Ciotti (patron du département).

Dans Nice Matin et sur BFM TV-RMC, François Fillon a commencé à détailler ses propositions en la matière, plutôt consensuelles dans son camp : il faut "une immigration minimale et très contrôlée, répondant à nos besoins économiques et à nos capacités d’accueil et d’intégration", via des "quotas" annuels fixés au Parlement "dans un débat démocratique transparent". "Le nombre de visas qui ont été accordés en France depuis cinq ans n’a cessé d’augmenter, dans un pays qui a près de 6 millions de personnes qui sont inscrites à Pôle emploi, qui a près de 9 millions de pauvres", s’est justifié le candidat des Républicains.

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