L’extrême droite espère une première victoire électorale en Allemagne

L’extrême droite allemande pourrait arriver dimanche pour la première fois en tête d’une élection importante en Allemagne, lors de scrutins régionaux dans l’ex-RDA qui se tiennent 30 ans après la chute du Mur.

Et ce scrutin risque d’affaiblir un peu plus la coalition d’Angela Merkel.

Dans le Brandebourg, le Land qui entoure Berlin, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) est donnée en tête avec 21 % des intentions de vote, au coude-à-coude avec le parti social-démocrate, qui aujourd’hui tient les manettes au sein d’une coalition de gauche.

En Saxe, l’autre région appelée aux urnes dimanche, l’AfD, créée en 2013, est devancée de peu par les conservateurs de la chancelière dans les enquêtes d’opinion.

Mais avec 25 %, contre 29 % attendus pour la CDU, dont la Saxe est un bastion, la formation populiste gagnerait plus de 15 points par rapport au dernier scrutin en 2014.

Les élections européennes avaient déjà constitué un coup de semonce pour les partis traditionnels, l’AfD pointant en tête dans ces deux Länder. Un troisième scrutin régional se tiendra en Thuringe, autre région d’ex-RDA, le 27 octobre.

Risque de paralysie

Les partis établis, en particulier la CDU, ont d’ores et déjà prévenu qu’ils ne formeraient pas de coalition locale avec l’AfD, dirigée qui plus est dans ces régions par des tenants de la mouvance la plus radicale du parti. Ce qui risque, même en cas de succès dans les urnes, de barrer la route du pouvoir au parti.

Mais le paysage politique devrait s’en retrouver un peu plus chamboulé.

Ces Länder, qui disposent d’importantes prérogatives dans le système allemand en matière d’éducation ou de sécurité, pourraient être gouvernés par de larges alliances hétéroclites associant droite et gauche ou même, en Saxe, par une coalition minoritaire de droite.

Et ce au risque de paralyser l’action politique et d’attiser un peu plus les mécontentements.

Comment expliquer, 30 ans après la chute du Mur, l’"humeur sombre" de ces régions, selon les termes de Matthias Platzeck, président de la Commission 30 ans d’unité allemande ?

"Effondrement après 1990, crise financière en 2008 et crise des réfugiés en 2015, le tout en une génération", résume-t-il.

Dans des régions où médecins, enseignants et surtout jeunes émigrent chaque année à l’ouest, plus riche, de l’Allemagne, où les salaires restent inférieurs, les Allemands de l’ex-RDA ont "perdu confiance en la justice sociale", résume Thomas Kliche, psychologue politique à l’Université de Magdebourg-Stendal.

La politique d’accueil des réfugiés menée depuis 2015 par Angela Merkel a ainsi heurté une partie de la population qui a eu le sentiment que l’Etat s’occupait davantage des migrants que de leur sort.

"Tempête"

L’AfD a fait son miel de ces peurs et fait campagne contre des partis traditionnels qu’elle assimile à l’ancien parti communiste de RDA, n’hésitant pas à reprendre des slogans entonnés par les manifestants de 1989, "Nous sommes le peuple" ou "Achevons le renversement" du régime.

S’il ne s’agit que de scrutins régionaux, ils auront valeur de test grandeur nature pour la chancelière, à la tête depuis l’an dernier d’une fragile coalition avec les sociaux-démocrates du SPD et qui a déjà annoncé qu’elle quitterait le pouvoir à l’automne 2021.

Les deux élections pourraient provoquer une "tempête" au sein de la coalition, selon le Spiegel.

Mme Merkel, très impopulaire parmi les sympathisants de l’AfD, s’est bien gardée de mener campagne. Elle a préféré laisser le terrain aux barons locaux de son mouvement, qui tentent de récupérer les électeurs partis vers l’extrême droite par un discours très ferme sur les questions de sécurité et migration. Une perte de la Saxe provoquerait un séisme dans le parti d’Angela Merkel.

Le SPD est dans une situation encore pire. Formation sans leader depuis quatre mois et en perdition dans les sondages, il risque de perdre le Brandebourg et de faire un score à un seul chiffre en Saxe.

De quoi relancer les débats internes sur l’opportunité de rester membre de la coalition au pouvoir en payant le prix de l’impopularité.

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