L’économie d’une Catalogne indépendante, au coeur de la campagne électorale

La Catalogne, s’enorgueillit d’être la plus riche des régions d’Espagne, celle qui exporte le plus et reçoit le plus de touristes. Une séparation de l’Espagne serait cependant sanglante économiquement, alertent certains, tandis que les indépendantistes assurent l’inverse.

Une Catalogne indépendante aurait, selon ses partisans, un PIB par habitant supérieur à la moyenne européenne, un excédent budgétaire de 11,5 milliards d’euros, une fiscalité plus légère et un meilleur système social.

Ces arguments semblent convaincre une grande partie des électeurs qui voteront lors des élections régionales du 27 septembre, destinées à renouveler le Parlement catalan et qui sont présentées par le chef de l’exécutif catalan Artur Mas comme un plébiscite pour ou contre l’indépendance.

Selon les derniers sondages, ils donneraient la majorité parlementaire aux partis scissionnistes, assez selon eux pour lancer le processus qui conduirait la région à quitter l’Espagne en 2017 au plus tard.

Mais la question divise les entreprises de cette région représentant 19% du PIB espagnol.

La principale organisation patronale, Foment del Traball, a émis des réserves "devant ce débat politique remettant en question l’appartenance à l’Union européenne".

D’autres associations, en particulier celles des patrons de PME, ont en revanche publié un manifeste pour l’autodétermination de la Catalogne, rejetant les "peurs, craintes et ingérences" des milieux économiques.

– Le désastre de la dépendance –

Le dynamisme de l’économie catalane vient en grande partie de ses exportations, principalement automobiles, chimiques, agroalimentaires et de biens d’équipement.

En 2014, elles se sont élevées à 60,2 milliards d’euros (25,1% du total espagnol). Mais elles dépendant beaucoup du marché espagnol (41,3% de ces ventes).

L’économie catalane pourrait pâtir d’une éventuelle sécession, avertit un rapport du ministère des Affaires étrangères espagnol, chiffrant les pertes à 10 à 20% du PIB catalan.

Et ces estimations ne tiennent pas compte des effets "sur la sortie de capitaux et l’instabilité financière", prévient le rapport.

Les craintes contrastent avec l’optimisme des indépendantistes, mus par un sentiment d’injustice fiscale et de délaissement par Madrid, aggravé par la crise, résumé par un lapidaire "L’Espagne nous vole".

Selon les comptes du gouvernement régional, la région perd chaque année 15 milliards d’euros en impôts payés à l’État qui ne lui reviennent pas en investissements et prestations sociales. D’autres études parlent de seulement 3 milliards.

La coalition d’Artur Mas, Junts pel Sí (Ensemble pour le oui), est persuadée que la Catalogne pourra rester dans l’Union européenne, a minima, de l’Espace économique européen, puisque cette sortie serait aussi néfaste pour l’Espagne et l’Europe.

"N’oublions pas que 70% des marchandises espagnoles qui partent en Europe par voie terrestre passent par la Catalogne", a rappelé Oriol Amat, économiste et candidat de cette coalition.

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