L’ambassadeur de Palestine en France: la coopération décentralisée avec les collectivités locales françaises et européennes permettra de créer de vraies structures de développement

L’ambassadeur de Palestine en France Hael al Fahoum estime qu’il est aujourd’hui indispensable de repenser, de renforcer et d’élargir la coopération entre les collectivités locales territoriales françaises et européennes avec la Palestine. Selon l’ambassadeur, cette coopération décentralisée permettra notamment de sortir du processus d’évolution grâce à la charité et le bon (ou mauvais) vouloir de donateurs et de créer des vraies structures de développement.
Ce dossier figure au menu de la visite en France ce jeudi du président palestinien Mahmoud Abbas et un Forum des collectivités locales européennes pour la Palestine aura lieu à Dunkerque le 28 et 29 novembre prochains.

L’ambassadeur de Palestine en France: la coopération décentralisée avec les collectivités locales françaises et européennes permettra de créer de vraies structures de développement
M. l’ambassadeur, comment évaluez-vous l’action des collectivités territoriales françaises et européennes pour la coopération et la paix en Palestine ?

Ces partenariats sont une nouvelle direction que nous prenons, c’est une sorte d’expérimentation qui tient compte du rôle des collectivités territoriales auxquelles les citoyens des pays européens sont généralement très attachés. L’idée d’une telle coopération a commencé en France et nous essayons de l’élargir d’abord à toute l’Europe. C’est une nouvelle stratégie de coopération bilatérale entre l’Etat Palestinien et les Etats Européens. Cette approche a reçu un grand intérêt de la part de la direction, des entreprises et des bureaux d’études. Les liens entre les collectivités se feront ainsi directement sans passer par un intermédiaire et les résultats n’en seront que plus concrets. Seuls les besoins sur le terrain peuvent déterminer la stratégie à suivre afin de préciser quel serait le programme le plus adapté pour une coopération entre deux localités donc des études et des recherches seront nécessaires, et non le contraire comme il se faisait auparavant.

Cette coopération s’organise-t-elle sur le plan international ?

Comme exemple d’application concrète, je citerai le colloque qui va avoir lieu au Maroc où l’on parlera d’une coopération directe entre les villes arabes et les villes européennes. Le but est de créer d’ici 2014/2015 des liens entre toutes les villes du monde et les villes palestiniennes. C’est une idée de stratégie d’intercommunication directe très innovante. Mettre sur place des programmes exploratoires directs et qui répondraient aux besoins qu’ils soient économiques, sociaux, scientifiques ou politiques. Plusieurs collectivités territoriales françaises, toutes tendances politiques confondues, ont manifesté leur intérêt pour ce projet. Nous vivons actuellement dans un monde où le virtuel prend trop souvent le dessus, c’est pour cela que nous devons encourager les expériences concrètes et sur ce point il est indéniable que les partenariats entre les collectivités et les responsables locaux sont indispensables. D’autant, que ces actions abordent des questions pratiques : étudier tout ce dont la société civile a besoin, comment investir afin d’améliorer les jardins d’enfants, les écoles et les centres d’éducation, les hôpitaux, etc.

Put-on s’attendre à une retombée politique ?

Une retombée politique ne pourra que suivre. En effet, grâce à ces contacts et ces actions concrètes, l’opinion publique internationale aura directement des informations tangibles sur la réalité de la situation en Palestine. Pour nous cette démarche représente un espoir. Par exemple, les présidents des municipalités palestiniennes espèrent pouvoir affronter l’occupation et la colonisation à travers une solidarité basée sur cette coopération au niveau international et ceci à travers la protection et l’amélioration de chaque village isolé. Cette action aura sans aucun doute des conséquences économiques mais aussi politiques.

Mais la situation chaotique au Proche-Orient ne risque-telle pas de nuire à ce projet de coopération ?

Le monde entier fait face à un défi général car la communauté internationale est perturbée et absorbée par différents problèmes. Mais il ne faut pas oublier que l’une des causes du chaos au Proche-Orient est le non-règlement de l’affaire palestinienne. Les Palestiniens ont résisté pendant soixante-dix ans pour la sauvegarde de leur identité et de leur existence. La Palestine peut être considérée comme le plus petit mais le plus important laboratoire politique puisqu’elle synthétise la plupart des problèmes. Par ailleurs, nous devons promouvoir une coopération positive capable de nous aider à progresser. Nous devons absolument sortir du processus d’évolution grâce à la charité et le bon (ou mauvais) vouloir de donateurs mais créer nos structures de développement. Nous voulons que la Palestine soit la valeur rajoutée pour établir la stabilité et la paix.

Quel regard porte le gouvernement israélien sur ce projet ?

Aujourd’hui même l’Occident constate les positions jusqu’au-boutistes d’un gouvernement israélien qui mène une stratégie ultra-sécuritaire, suicidaire et aveugle. Des actions de coopération et de rapprochement concrètes peuvent aider à modifier la perception de la société israélienne. La diplomatie parallèle peut donc contribuer à améliorer les choses. Le but est de créer une base de coopération et de partenariat bilatéraux qui prendra en considération nos demandes et qui pourrait dans le futur être bénéfique à toutes les populations de la région.

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