L’affaire de l’espionnage plombe les relations entre Obama et les Européens

Pour imaginer l’ampleur de la déception européenne, il faut revenir aux lendemains enchanteurs qui ont suivi l’élection de Barak Obama qui venait de succéder à Georges. W. Bush. Les relations devaient être apaisées sur la base d’une politique multilatérale qui rompait avec la logique impériale des néoconservateurs. Personne n’imaginait un instant que les relations entre l’Amérique et le vieux continent allaient connaître une telle dégradation doublée d’une crise de confiance d’une ampleur inédite.

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En effet, force est de constater qu’il s’agit d’un vrai tournant que vivent actuellement les relations entre l’Amérique de Barack Obama et les pays européens. La cascade des scandales sur l’espionnage de la NSA révélée d’abord par l’ancien espion américain en rupture de ban Edward Snowden et relayé par la presse européenne plonge l’Europe dans l’incrédulité et la colère et l’Amérique dans l’embarras.

Depuis le début de la grande guerre US contre le terrorisme, on se doutait en France que l’administration américaine avait l’espionnite facile. Au nom de la défense de ses intérêts et de son territoire, quelques grands principes ont été allègrement violés, comme la sous-traitance de la torture ou les processus de "Rendition", terme anglais qui évoque le transfert de prisonniers hors cadre juridique. Mais on était loin d’imaginer l’ampleur du phénomène. Structures diplomatiques, hommes politiques, agents économiques, rien n’échappait aux grandes oreilles de l’oncle Sam.

La France et l’Allemagne ont été choqués d’apprendre que leur allié américain leur réservait un traitement spécial, celui qu’on destine traditionnellement aux concurrents et aux adversaires. Et les deux pays ont déployé toute une palette de gammes diplomatiques pour exprimer leur courroux. Convocation de l’ambassadeur américain, appels téléphoniques à Barak Obama, tout était fait pour satisfaire une opinion horrifiée par l’ampleur de la curiosité malsaine des américains.

Paris et Berlin sont allés jusqu’à proposer l’idée de la signature d’un pacte de non espionnage entre l’Amérique et l’Europe. L’objectif est de calmer les nombreuses voix qui se sont élevées et qui demandent en représailles le retrait de l’alliance atlantique ou une posture sanctionnant les américains. Sentant le danger d’une telle exigence de rupture, de nombreuses voix connues pour leur tropisme atlantique se sont élevées pour tenter d’éteindre l’incendie et affirmer que l’espionnite est un sport national pratiqué par tous les services au nom de la défense des intérêts nationaux.

De la Maison Blanche, Barack Obama a essayé de minimiser l’affaire sans en nier la gravité. Il sait qu’on lui demande des garanties pour que cela cesse immédiatement et que cela ne se reproduise plus. L’affaire de l’espionnage est un nouveau défi à son leadership et un test grandeur nature de sa réelle influence sur les appareils de sécurité.

L’affaire de l’espionnage à provoqué une crise de confiance inédite dans la relation entre l’Amérique et le vieux continent. Même si dans les apparences elle ne pourra aboutir à aucune rupture irrémédiable, elle installe une atmosphère de méfiance et de défi difficile à gérer entre des alliés censés tirer dans la même direction. Réparer cette relation en la reconfigurant sur des bases plus saines devient une urgence occidentale si ce qu’on appelait jadis le monde libre ne veut voir des puissances concurrentes comme la Chine et la Russie profiter de cette brèche pour imposer leur vision et faire avancer leurs agendas Sans parler bien entendu des groupes terroristes toujours tapis dans l’ombre à attendre la moindre faiblesse sécuritaire pour se livrer à des actes de déstabilisation ou commettre de nouveaux attentats.

Car la question devient lancinante: À qui pourrait profiter la méfiance entre deux puissances devenues la cible de prédations d’ennemis communs? Les plus optimistes pourront toujours arguer qu’il ne s’agit là que d’une petite bourrasque d’automne que les nécessités de l’alliance atlantique feront vite oublier. Les plus réalistes affirmeront que cette relation si spéciale entre l’Amérique et les pays européens vient de subir un choc si profond qu’elle aura du mal à s’en remettre sans séquelles.

Dans tous les cas, en plus des nombreux défis qui attendent B.Obama pendant les dernières années de son mandat figurent aussi cet indispensable devoir de recoller les morceaux d’une confiance partie en éclat entre lui et ses alliées européens.

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