L’Opep parvient à un accord « historique » pour limiter sa production

Les Etats membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se sont entendus mercredi à Vienne pour réduire leur production, scellant après des mois de dissensions un accord indispensable pour faire remonter les prix.

C’est la première fois depuis 2008 que les 14 pays du cartel s’engagent à limiter leur production, coupant court au pessimisme de nombreux observateurs.

L’accord sera effectif à compter du "1er janvier 2017", a déclaré le ministre qatari de l’Energie Mohammed Saleh al-Sada, qui préside la conférence de l’Opep, évoquant une décision "historique qui va certainement aider à rééquilibrer le marché et à réduire la surabondance des stocks" de pétrole.

L’Opep, a-t-il précisé, va diminuer sa production de "1,2 million de barils par jour, pour porter son plafond à 32,5 millions de barils par jour". En octobre, le cartel avait produit 33,64 millions de barils.

Et l’organisation devrait, comme elle le souhaitait, entraîner dans son mouvement la Russie, le plus grand producteur mondial de pétrole, qui s’est "engagée à réduire de 300.000 barils" sa production, a annoncé le ministre qatari, après une réunion dans la capitale autrichienne.

Moscou a confirmé mercredi soir son intention de participer à l’effort si le cartel tient ses engagements. La Russie contribuerait ainsi pour moitié à l’objectif de réduction en volume (600.000 barils) demandé aux pays extérieurs à l’Opep.

Les marchés ont salué ces annonces : vers 17H05 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier, valait 50,10 dollars à Londres, en hausse de 3,72 dollars par rapport à la clôture de mardi, tandis que le WTI pour la même échéance augmentait de 3,92 dollars à 49,15 dollars.

En séance, les cours ont atteint leur plus haut niveau en un mois.

L’accord conclut des semaines d’intenses tractations aux allures de poker entre Ryad, Bagdad et Téhéran. L’Arabie Saoudite avait clairement annoncé qu’elle ne consentirait à réduire sa production que si l’Irak et l’Iran, respectivement 2e et 3e producteurs du cartel, faisaient de même.

En pratique, les plus fortes baisses de production seront supportées par l’Arabie saoudite (-486.000 b/j), l’Irak (-210.000), les Emirats arabes unis (-139.000) et le Koweit (-131.000), les plus gros producteurs mis à part l’Iran, selon un document diffusé par l’Opep.

L’Iran a obtenu gain de cause et va pouvoir augmenter sa production de 90.000 b/j pour la faire passer à 3,8 millions. Son ministre du pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a fait un signe de victoire devant les journalistes au moment où il quittait le siège de l’Opep.

Outre l’Iran, qui veut pouvoir profiter de la levée des sanctions économiques à son encontre, la Libye et le Nigeria sont exemptés des limitations en raison des conflits auxquels ils font face et de leur impact sur leurs finances.

L’Indonésie, qui a refusé de souscrire à l’accord, a vu son adhésion à l’Opep "gelée".

L’accord de Vienne reflète les engagements pris par l’Opep fin septembre à Alger où les ministres du cartel s’étaient fixé pour objectif de ramener leur production entre 32,5 et 33 mbj.

De façon générale, l’accord va faire remonter l’inflation mondiale à un "taux plus sain", y compris aux Etats-Unis, a estimé Mohammed Saleh al-Sada.

Avec l’effort consenti par la Russie, sa mise en oeuvre devrait aboutir à une résorption du surplus structurel de production, qui plombait les cours depuis deux ans.

Des analystes sceptiques ont toutefois prévenu que l’application des limitations devra être surveillée de près, car aucune sanction n’est prévue pour les contrevenants.

Si la perspective d’un carburant plus cher ne réjouira pas les automobilistes, la hausse attendue des prix devrait soulager les budgets des pays pétroliers.

Les gros producteurs de l’Opep, Arabie Saoudite en tête, avaient longtemps soutenu une stratégie de prix bas, espérant ainsi évincer leurs concurrents, notamment les producteurs de pétrole de schiste américains et regagner des parts de marché.

Mais même les finances publiques de la riche Arabie Saoudite avaient fini par souffrir de l’effet des prix bas. Et la chute des revenus pétroliers a aggravé une situation économique déjà dramatique au Venezuela.

Source AFP

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite