L’ONU presse les Libyens de signer son plan

Les deux gouvernements du pays devraient accepter aujourd’hui ou demain de se fondre dans un seul exécutif.

La signature par les parties libyennes du plan de paix parrainé par l’ONU est annoncée pour ce mercredi mais devrait être repoussée à jeudi pour permettre « à plus de délégués libyens d’arriver » au Maroc, selon l’Unsmil, la mission de l’ONU en Libye.

Fruit de 14 mois de négociations, ce plan prévoit, dans les 40 jours après signature, la formation d’un gouvernement d’union nationale, dirigé par le premier ministre FaiezSerraj. Le pouvoir législatif serait divisé entre la Chambre des représen-tants (Parlement de Tobrouk élu en 2014) et un Conseil d’État, issu du Congrès général national (l’assemblée rivale élue en 2012) de Tripoli, qui ferait office de Sénat.

Un conseil présidentiel, comprenant neuf ministres dont le premier ministre, doit également être validé d’ici à février. Les deux principales institutions économiques libyennes, la anque centrale et la Société nationale pétrolière, se verront désigner un nouveau chef. L’ensemble de ces institutions devrait travailler à Tripoli, la capitale de ce pays centralisé. `

Pro et anti-dialogue de l’ONU cohabitent cependant dans chacun des deux parlements. Parmi les opposants les plus radicaux, les chefs des deux Chambres semblent préférer des discussions intra-libyennes sans interférence étrangère. Ceux-ci se sont rencontrés à Malte mardi soir pour évoquer leur position commune. Le report d’au moins 24 heures de la signature de l’accord semble prouver que l’ONU cherche à rassembler le plus de Libyens possible pour cette cérémonie.

Un dernier coup de poker

Pressée par le développement de l’État islamique en Libye, la communauté internationale a choisi de passer outre les réticences et de faire signer cet accord par ceux qui l’acceptent, même s’ils ne sont pas officiellement mandatés par leurs parlements. Il est ainsi possible que la nouvelle autorité « ne soit pas capable de s’installer à Tripoli » de l’aveu même d’un diplomate. D’autres villes libyennes, plus petites et éloignées des brigades qui font la loi en Libye, sont évoquées, notamment Ghadamès. Mais alors le gouvernement d’unité n’aurait aucun contrôle sur l’administration et l’économie du pays. Surtout, rien ne garantit que les deux gouvernements actuels, celui de Tripoli et celui de Beida, accepteront de remettre leur pouvoir. « Il y a un fort risque de se retrouver avec trois autorités », reconnaît un observateur. Dans un communiqué, l’ONG International Crisis Group parle même de la possibilité d’un gouvernement « mort-né ».

Pour éviter cela, la communauté internationale devrait tenter un dernier coup de poker. « Celui qui cherchera à faire échouer ces négociations paiera le prix », a annoncé John Kerry, le secrétaire d’État américain, ce week-end à Rome. Mais la menace de sanctions internationales ne fait pas peur en Libye. Mouftah Kouidir, membre de la Chambre des représentants, l’affirme : « Nous serions honorés d’être soumis à des sanctions parce que nous nous accrochons à nos principes. » À Tripoli, on ne dit pas autre chose : « Nous avons vécu 20 ans sous embargo (l’ONU a instauré des sanctions économiques entre 1986 et 2003, NDLR). Nous sommesprêts», indique un conseiller du CGN.

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