L’Iran abat un drone américain, Trump évoque « une énorme erreur »

L’Iran a abattu jeudi un drone américain qui se trouvait selon lui dans son espace aérien, provoquant une vive réaction du président américain qui a évoqué "une énorme erreur".

"L’Iran a fait une énorme erreur!", a lancé, d’un tweet laconique et menaçant, le locataire de la Maison Blanche dans un climat de tensions croissantes entre Téhéran et Washington.

Les Etats-Unis ont confirmé que les forces iraniennes avaient abattu un drone de surveillance de l’US Navy mais assuré qu’il se trouvait "dans l’espace aérien international" et a dénoncé une "attaque injustifiée".

En dépit des affirmations répétées des Etats-Unis et de l’Iran selon lesquelles ils ne cherchent pas la guerre, l’escalade et la multiplication des incidents dans la région du Golfe font craindre qu’une étincelle ne mette le feu aux poudres.

Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde jeudi contre un éventuel recours des Etats-Unis à la force contre l’Iran, estimant que cela serait "une catastrophe" pour la région.

Selon les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, un drone Global Hawk (du fabricant américain Northrop Grumman) a été abattu à 04H05 (23H35 GMT mercredi) par un missile au dessus de la mer d’Oman après avoir violé l’espace aérien iranien.

Il avait décollé mercredi à 19h44 GMT d’une base américaine sur "la rive sud du golfe Persique", "éteint tous ses dispositifs de reconnaissance", passé le détroit d’Ormuz et mis le cap vers l’est en direction du port iranien de Chabahar, ont-ils affirmé.

Selon les Gardiens, l’appareil a été abattu au retour de sa mission, dans la zone côtière près de Bandar-é Jask (Sud).

– "Ligne rouge" –

La violation des frontières iraniennes est la "ligne rouge" à ne pas franchir, a prévenu le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens. "Notre réaction est, et sera, catégorique et absolue".

"Nous protestons contre toutes les démarches provocatrices qui portent atteinte à l’intégrité territoriale de notre pays", a déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne Abbas Moussavi, avertissant que "la responsabilité des conséquences éventuelles de ces actions incombera entièrement aux agresseurs".

Aucune image de l’appareil détruit n’a été publiée par les médias iraniens.

"Les informations iraniennes selon lesquelles l’engin aérien survolait l’Iran sont fausses", a rétorqué l’état-major américain.

Selon le commandement central des forces américaines, le drone a été abattu par un missile sol-air iranien au-dessus du détroit d’Ormuz.

Ce détroit est un point de passage stratégique pour l’approvisionnement mondial de pétrole, près duquel deux tankers ont été attaqués le 13 juin, environ un mois après des sabotages contre quatre navires dont trois pétroliers à l’entrée du Golfe.

Les Etats-Unis ont imputé ces attaques, qui n’ont pas été revendiquées, à l’Iran. L’un des deux navires attaqués le 13 juin a été touché par une mine-ventouse "semblable à celles utilisées par l’Iran", a assuré l’US Navy.

Téhéran a démenti toute implication et laissé entendre que les attaques du 13 juin pourraient être un coup monté des Etats-Unis pour justifier le recours à la force contre l’Iran.

– "Catastrophe" –

Mercredi, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a estimé que "le risque de guerre dans le Golfe" n’était "pas écarté".

Selon Paris, le conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne, a effectué mercredi une visite éclair en Iran en vue "de contribuer à une désescalade des tensions".

Celles-ci ne cessent de monter depuis que le président américain a décidé en mai 2018 de retirer son pays de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015, et de rétablir de lourdes sanctions contre Téhéran.

Les Etats-Unis viennent de renforcer davantage leur dispositif militaire au Moyen-Orient après l’annonce par l’Iran que ses réserves d’uranium faiblement enrichi passeraient bientôt au-dessus de la limite prévue par l’accord de Vienne.

Jeudi, les cours du pétrole semblent réagir aux dernières tensions; peu après 12H00 GMT, le baril WTI pour livraison en juillet est monté de 3,42% à 55,60 dollars, celui de Brent pour livraison en août a grimpé de 2,78% à 63,54 dollars.

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