L’Etat réussit à imposer son candidat à la tête de l’Agence France Presse

La nomination, jeudi 15 avril, d’Emmanuel Hoog à la présidence de l’Agence France-Presse (AFP) a été rondement menée. Le conseil d’administration l’a avalisé par 12 voix sur 15, au premier tour de scrutin. M. Hoog, devrait dès les prochains jours, quitter l’Institut national de l’audiovisuel (INA) qu’il préside depuis neuf ans.

Et pourtant, contrairement aux apparences, cette nomination a suscité de nombreuses discussions en coulisses. M. Hoog ne faisait pas partie de la liste des dix candidats qui ont postulé et joué le jeu de la sélection officielle orchestrée par un comité formé par cinq administrateurs. A l’issue de ce premier tour, deux candidats avaient été retenus, Louis Dreyfus ex-directeur général de Libération et du Nouvel Observateur et Philippe Micouleau, banquier conseil et ex-PDG de l’Agefi.

Les administrateurs représentants de l’Etat, ont néanmoins demandé que M. Hoog soit sollicité, comme la procédure les y autorise. Une demande qui a suscité quelques débats entre l’Etat et les représentants de la presse.

Finalement, les représentants de la presse se sont ralliés au choix de l’Etat. Il est vrai que le calendrier était serré, Pierre Louette quittait officiellement son poste de PDG de l’AFP jeudi 15 avril pour rejoindre Orange. M. Hoog a de son côté accepté d’être candidat. Lors du conseil d’administration, MM. Dreyfus, Micouleau et Hoog, ont défendu leur candidature. Lors d’une suspension de séance, deux tours de scrutin informels ont éliminé M. Micouleau, puis M. Dreyfus. Ne restait alors qu’un candidat officiel, M. Hoog et un scrutin sans surprise.

"JEU DE DUPES"

Durant la réunion, les administrateurs ont reçu sur leur mobile un message de la Société des journalistes qualifiant la procédure, de "jeu de dupes". " Je ne suis pas sûr que ce soit le rôle de l’Etat de nommer le président de l’AFP", a de son côté affirmé M. Dreyfus.

Au sein de l’AFP, la nomination de M. Hoog était plutôt bien accueillie. Cet énarque qui a débuté sa carrière au cabinet de Jack Lang, puis de Laurent Fabius, a mené un important chantier de modernisation de l’INA et de numérisation de ses archives. Celui qui espérait décrocher la tête de France Télévisions ou d’Arte, s’était très impliqué dans le volet audiovisuel de l’Union pour la Méditerranée, un projet cher à Nicolas Sarkozy.

L’Etat l’a finalement incité à rejoindre l’AFP. Il a admis, devant les administrateurs, ne pas avoir de stratégie préétablie pour l’agence et se donner six semaines pour l’établir. L’Etat devait lui remettre le rapport Pigeat, qualifié de "feuille de route". Celui-ci préconise de maintenir une société de tête gardant les statuts de 1957, qui serait actionnaire majoritaire d’une société d’exploitation aux côtés de la Caisse de dépôts.

Le Monde.fr, Laurence Girard

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite