L’Assemblée vote le budget de la diplomatie mais s’inquiète des réductions de postes

L’Assemblée a voté jeudi le budget 2020 du réseau diplomatique français, stable, mais les députés de la majorité comme de l’opposition ont fait part de leurs inquiétudes à l’égard des réductions de postes et du manque de moyens.

Le budget de la "mission action extérieure de l’Etat est préservé en 2020", a indiqué le rapporteur Vincent Ledoux (UDI-Agir) avec 2,87 milliards d’euros, une somme quasiment identique à 2019.

Plusieurs parlementaires ont toutefois déploré les réductions d’effectifs: 160 postes équivalent temps plein en 2019 et 80 en 2020.

"A force de tirer trop sur la corde, elle peut rompre", a prévenu la rapporteure de la commission des affaires étrangères Anne Genetet (LREM). "Notre modèle diplomatique est tendu du fait d’un décalage entre des missions trop ambitieuses et des moyens contraints".

Au MoDem, Philippe Michel-Kleisbauer a réclamé "une véritable réflexion sur la poursuite de la diminution de nos personnels et représentations diplomatiques (…) sur un effectif total de 13.500 personnes sur lesquelles repose toute la diplomatie française".

Le Quai d’Orsay a pourtant "depuis plusieurs années devancé les exigences de Bercy", estime le socialiste Alain David, qui a rejeté un budget "qui peut nous inquiéter sur la pérennité de l’excellence de notre action diplomatique".

"L’intendance souvent n’arrive plus à suivre", a abondé Meyer Habib (UDI-Agir), qui s’est abstenu, alors que LR, insoumis et communistes ont voté contre.

– "Bureau des légendes" –

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a insisté pour sa part sur l’enveloppe globale attribuée au Quai d’Orsay, comprenant une partie de l’aide publique au développement: soit un montant total de 5,015 milliards d’euros, en hausse de 138 millions d’euros par rapport à 2019.

"Ca fait bien longtemps que le budget du ministère n’avait pas connu une hausse. Dans un contexte de gestion rigoureuse de l’Etat, il était important de le faire remarquer".

Dans un autre registre, Anne Genetet (LREM) lui a soumis en souriant une "suggestion audiovisuelle. A quand une série sur la diplomatie inspirée du Bureau des légendes qui mette enfin en lumière ces professionnels dévoués ?", a-t-elle lancé.

L’aide publique au développement (APD), qui fait l’objet d’un budget séparé, a été votée dans la soirée. Les montants de la mission APD s’élèvent en 2020 à environ 3,28 milliards d’euros en crédits de paiement, en hausse de 207 millions.

"Nous gardons l’objectif" d’Emmanuel Macron de hisser l’APD à 0,55% du revenu national brut en 2022, a assuré Jean-Yves Le Drian, malgré le scepticisme de l’opposition. "Nous sommes totalement dans la trajectoire".

Dans son rapport, Marc Le Fur (LR) trouve toutefois "frappant" l’abandon au fil des législatures de l’objectif des 0,7 % du RNB (une ambition qui fait consensus à l’international), "pourtant toujours repris par les gouvernements successifs".

Plusieurs parlementaires d’opposition ont aussi dénoncé un "manque de ciblage" de l’APD la trouvant trop souvent adressée à des pays émergents plutôt qu’aux pays les plus pauvres.

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