L’Algérie : un dragon régional en papier

Sur le plan interne, l’Algérie, depuis son indépendance en 1962, est dirigée par un collège politico-militaro-financier qui a confisque le pouvoir et a réussi à pérenniser un régime totalitaire grâce à une dictature militaire.

En éliminant physiquement tous les opposants politiques, en privant le peuple algérien de ses droits les plus élémentaires, en érigeant la corruption en dogme, en détournant des milliards de dollars générés par les exportations de pétrole et de gaz, en pratiquant une course effrénée à l’armement pour intimider son voisin marocain, cette nomenklatura a mené l’Algérie à la
faillite et au désastre.

Le peuple algérien, qui vit, aujourd’hui, au seuil de la pauvreté, est devenu insensible au romantisme révolutionnaire ou au nationalisme exacerbé des années 60. Il demande plus de liberté, l’accès aux soins, à l’éducation, au logement, au travail et à une meilleure redistribution des richesses

Même sur le plan des loisirs estivaux, il est devenu impossible à l’algérien d’aller à la plage. Dans les villes balnéaires, comme Alger, Oran, Annaba, et j’en passe, les plages sont payantes et le manque d’infrastructures hôtelières y est flagrant. Sans
parler de l’insécurité.

Sur le plan externe, on retiendrais le dernier fiasco de la diplomatie algérienne dans la gestion de la crise libyenne. Cette erreur monumentale des décideurs algériens pourrait s’expliquer par le fait que l’émergence d’une Libye démocratique riche en hydrocarbures à ses frontières orientales nuirait durablement à son statut de puissance régionale et l’obligerait à repenser à sa doctrine de défense. Tripoli n’étant plus un allié, mais un concurrent sur le plan des investissements étrangers, mais aussi un interlocuteur privilégié des Etats-Unis et des pays Européens dans le cadre de la lutte contre l’AQMI dans le Sahel.

De plus, et toujours sur cette question, bien que les plus hautes autorités algériennes affirment haut et fort que l’accueil de famille Kadhafi soit principalement motivé pour des raisons humanitaires, la réalité du pouvoir d’Alger ne permet pas d’écarter la possibilité d’un calcul abject, et que celle-ci puisse devenir l’objet d’un cynique marchandage entre le gouvernement algérien et le CNT pour obtenir un certain nombre de garanties avant d’envisager de les renvoyer dans leur pays.

Par ailleurs, Alger voit également avec l’arrivée d’un régime démocratique pro-occidental à Tripoli un soutien de poids sur la question du Sahara Marocain s’évaporer. L’Algérie supportera dorénavant seule les frais de soutiens financier et diplomatique anachroniques au Polisario. Des dépenses qui ne manqueront pas de grever les finances de l’Etat algérien qui ne dispose plus actuellement de liquidité au plan interne.

A travers ces quelques éléments, il est permis d’avancer, avec une faible marge d’erreur, que l’Algérie vient de confirmer
son naufrage amorcé voici près de six décennies. Ce pays, qui a toujours mis en avant son statut de puissance sur le plan
régional, s’est donc avérée être un dragon en papier.

La responsabilité de ce ratage est à mettre sur le compte d’un pouvoir myope qui dirige ce pays et dont la légitimité est
quotidiennement remise en cause par le peuple algérien qui aspire à plus de démocratie, de liberté et de bien-être.

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